LES ANALYSES que livre l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dans l’ouvrage publié chaque année, « France, portrait social »*, brossent un bilan contrasté. Certains indicateurs montrent que notre pays va mieux, d’autres que les inégalités demeurent.
Si la croissance a marqué le pas en 2005, avec une hausse du PIB limitée à 1,2 % en volume (après 2,3 % en 2003 et 1,1 % en 2004), la reprise s’est amorcée au second semestre, une tendance confirmée en 2006. Sur le front de l’emploi, c’est «l’embellie», avec 150 000 créations. Mais les emplois à temps partiel sont en hausse (17,2 % du total), de même que le nombre de personnes qui ont travaillé moins qu’elles ne le souhaitaient et qui représentent désormais plus de 5 % des salariés. Le secteur tertiaire continue à gagner du terrain. Il y a moins d’artisans et de commerçants alors que les professions libérales, en particulier celles de la santé et du travail social, sont en plein essor ; les infirmiers libéraux, par exemple, sont deux fois plus nombreux qu’il y a quinze ans. Les non-salariés (1,9 million, hors agriculteurs et aides familiaux) sont de plus en plus âgés et de plus en plus diplômés, note l’Insee, selon lequel se mettre à son compte apparaît comme une alternative au chômage.
Si l’emploi va mieux, l’évolution des revenus a connu un ralentissement et le pouvoir d’achat n’a augmenté que de 1,1 % tandis que les revenus du patrimoine étaient en hausse de 6,1 %. Les prestations de protection sociale reçues par les ménages ont, elles, moins progressé l’an dernier qu’en 2004 : 3,9 % contre 5,1 %. Avec 505,5 milliards d’euros, les dépenses sociales représentent près de 30 % du produit intérieur brut (29,6 % contre 29,3 % en 2004).
Avec une progression limitée à 3,9 %, après 5,7 % l’année précédente, les dépenses liées à la santé ralentissent. Celles relatives à l’emploi diminuent (il y a moins de chômeurs et leur taux d’indemnisation diminue), mais les prestations versées au titre de la vieillesse et de la survie continuent à croître à un rythme soutenu (5 %).
Les montants versés au titre du RMI ont augmenté de 6,3 %. Et les allocataires d’un au moins des neuf minima sociaux, qui étaient 3,1 millions à la fin de 2004, sont toujours plus nombreux.
On ne dispose pas des chiffres de 2005, mais, sur la période de 1996 à 2004, les inégalités de niveau de vie sont restées stables : en 2004, les 10 % de personnes les plus pauvres ont un niveau de vie inférieur à 750 euros par mois tandis que les 10 % les plus aisés dépassent 2 360 euros. Et si le niveau de vie moyen s’établit à 1 500 euros par mois, pour la moitié de la population, il est inférieur à 1 310 euros.
Au chapitre inégalités, l’Insee s’est aussi penché sur la réussite scolaire et indique que les inégalités sociales se maintiennent en la matière : 97 % des enfants d’enseignants et 94 % des enfants de cadres atteignent la sixième sans avoir redoublé contre les deux tiers des enfants d’ouvriers non qualifiés. Au total, sept jeunes sur dix accèdent au niveau du bac et un peu plus de six sur dix sont bacheliers, de plus en plus par la voie professionnelle.
La fécondité à la hausse.
Autre tendance lourde, comme disent les sociologues, la fécondité est de nouveau en hausse, avec 1,94 enfant par femme. Et à la fin de leur vie féconde, les femmes continuent à avoir un peu plus de deux enfants en moyenne : 2,13 pour celles qui ont eu 50 ans en 2005. Restent près de 10 % des femmes nées entre 1945 et 1953 et 14 % des hommes nés entre 1943 et 1951 qui n’ont eu ni enfant biologique ni enfant adopté. Chez les hommes, ne pas avoir eu d’enfant est plus fréquent pour les moins diplômés, parce qu’ils forment moins souvent une union. Pour les femmes, à l’inverse, ce sont les plus diplômées qui demeurent le plus souvent sans enfant.
La mortalité continue à baisser, même si le nombre total de décès, 537 000, est légèrement en hausse. Il faut en effet tenir compte du nombre croissant de personnes âgées. Le taux de mortalité infantile, avec 3,8 décès de moins de un an pour 1 000 naissances vivantes, est l’un des plus bas du monde.
Enfin, dernier point mis en relief par l’étude : les Français sont peu mobiles. Après leur installation dans la vie familiale et professionnelle et jusqu’à la retraite, un quart des adultes suivis de 1968 à 1999 n’ont pas déménagé.
* « France, portrait social », édition 2006, 280 pages, 15 euros.
Quelques chiffres
– Au 1er janvier 2006, la population française est estimée à 62,9 millions d’habitants.
– En 2005, il y a eu 807 000 naissances et 537 000 décès.
– 278 000 mariages ont été célébrés. L’âge au premier mariage est de 30,9 ans pour les hommes et de 28,8 pour les femmes. Plus de 150 000 divorces ont été prononcés. Plus de 60 000 Pacs ont été conclus et 8 700 ont été rompus.
– Le PIB est de 1 710 milliards d’euros.
– La population active est de 27,637 millions de personnes, dont 12,814 millions de femmes ; le taux d’activité est de 69,1 % (74,5 % pour les hommes et 63,8 % pour les femmes) ; il tombe à 47,1 et 40,2 respectivement pour les 55-64 ans.
– 6,8 % des personnes ont été concernées par des agressions, physiques ou verbales, et 2,3 % des ménages par des cambriolages.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature