Antiquités
Un bateau, on en trouve un, une nef de conte de fée tout en cristal qui ne flotte pas sur la Seine mais dans une vitrine de la rue de l'Université (galerie Humeurs) et cristallise la tendance actuelle et paradoxale du monde des antiquaires, davantage fasciné par le plus récent que par le plus ancien.
Le plus ancien, c'est peut-être la traversée lointaine qui nous mène en mer de Chine, c'est-à-dire rue du Bac, la bien nommée, où la galerie Bac-Street a péché une paire de poissons en terre-cuite du IIIe siècle avant JC et où Christian Deydier consacre son exposition à la Femme éternelle ou du moins bimillénaire des époques Han, Wei et Tang. Les poupées japonaises de l'époque Edo (Bernard Captier) nous sont plus proches.
L'Extrême-Orient présente l'intérêt de concilier l'exotisme du voyage lointain et le classicisme du mobilier XVIIIe, représenté (chez Luc Bouveret) par un secrétaire Louis XV plaqué de laque de Chine, et à la Galerie Chevalier par l'impératrice de Chine en personne, surveillant la récolte des ananas sur une tapisserie de Beauvais du début du XVIIIe.
Saint-Pétersbourg, vous connaissez ? On en parle beaucoup ces jours-ci et on a presque l'impression de s'y trouver dans le décor tsariste créé à la galerie Golovanoff. Les couleurs russes flottent aussi chez Revillon d'Apreval sous la forme d'un « kovsch » moscovite fin XIXe en vermeil émaillé. Le kovsch est une cuiller à punch en forme de tasse à manche perpendiculaire, qui existe en diverses tailles. Les plus grands, enrichis de pierres et de perles sont plutôt des objets décoratifs.
A ces itinéraires proposés on aurait pu ajouter celui des rendez-vous de l'Histoire, qui pourrait se laisser guider par une mappemonde des années 1940, signée Adnet et ayant appartenu au maréchal Juin (chez J.-F. Dubois, rue de Lille) et s'écrire (chez Véronique Girard) sur l'écritoire d'ébène et de vermeil offert à Champollion par le duc d'Aumale. Il ne s'agit pas du décrypteur de hiéroglyphes mais de son fils.
Mais on peut aussi se laisser porter sans idée préconçue à la recherche de l'objet extraordinaire qui est la première vocation de la fête du Carré et que l'on rencontre chez Gabrielle Laroche sous la forme d'un deux-corps Renaissance en noyer sculpté de termes et d'allégories tout à fait dans la manière du Bourguignon Hugues Sambin. Au chapitre de l'insolite et pour rester sur le thème de l'eau, la palme revient à un lustre à poissons des années 1820 (chez Ghislaine David), avec sa vasque que l'on garnissait de poissons vivants, le temps d'un souper ! Pour la facilité d'entretien et le confort des poissons, il est préférable de les choisir en celluloïd.
La Croisière du Carré Rive Gauche, quai Voltaire et alentours, du mercredi 11 au dimanche 15 juin, 11 h-20 h.
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