IL Y A LES BONS comptes qui font les bons amis et les chiffres qui sèment la discorde entre femme et homme, car on les reçoit comme des échecs, des meurtrissures. En 2007, les Françaises, qui représentent 45 % des actifs, ont un taux de chômage de 9,3 %, contre 8 % dans la population masculine. Trente pour cent d'entre elles travaillent à temps partiel – dont 28 % de façon non choisie – au lieu de 5 % des hommes. Quatre sur cinq des emplois non qualifiés leur sont attribués. Moins de 6 % appartiennent aux équipes dirigeantes des 80 premières entreprises du pays.
Il ne fait pas bon vouloir procréer quand on a une activité professionnelle. Si le législateur interdit à un employeur de chercher à se renseigner sur une éventuelle grossesse, la question à l'embauche est posée fréquemment, de manière plus ou moins explicite. Au chapitre des ressources, le salaire horaire est inférieur de 19 % en moyenne et la retraite, de 38 %.
Dans le champ politique, la France occupe le 84e rang mondial pour la représentation féminine dans les assemblées parlementaires. Dans la vie privée, le fossé ne se comble que très lentement. Une femme sur dix subit des violences de son compagnon, et une en meurt tous les trois jours. Les jeunes filles ne sont pas épargnées. En Seine-Saint-Denis, 23 % des 18-21 ans rapportent avoir été frappées et 14 % agressées sexuellement*. Quant aux tâches domestiques et familiales, elles occupent plus de quatre heures par jour, moitié moins s'il s'agit de Monsieur. Est-ce pour toutes ces raisons chiffrées, Aragon, qu'on continue à voir en Elle l'avenir de l'homme ? On entend dire, ici et là, qu'une Ségolène Royal vaut bien un homme, mais l'intéressée dément : elle se veut femme avant tout.
* Enquête 2006 Observatoire départemental des violences/conseil général auprès de 1 600 filles âgées de 18 à 21 ans. « Le Quotidien » publie demain un supplément spécial sur les femmes et leur santé.
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