UNE SEMAINE APRÈS que le conseil d’administration de la Fédération nationale de l’hospitalisation à domicile (Fnehad) l’a portée à sa présidence (« le Quotidien » du 28 avril), Elisabeth Hubert annonce la couleur.
En terrain connu puisqu’elle préside à Nantes une association d’HAD, elle entend bien, à la tête des quelque 100 structures que regroupe la fédération nationale, accompagner activement la «montée en puissance» de l’hospitalisation à domicile. Un essor programmé par les pouvoirs publics – en novembre 2005, les ministres Xavier Bertrand et Philippe Bas ont affiché l’objectif de 15 000 places d’HAD installées dans cinq ans (contre 6 000 aujourd’hui) –, dans un contexte économique, démographique et réglementaire bien plus « favorable » que par le passé. Car tout se conjugue pour assurer le «déploiement» de cette forme d’alternative à l’hospitalisation classique (l’HAD s’adresse à des malades graves, atteints de pathologies aiguës ou chroniques et qui, en l’absence d’un tel service, seraient hospitalisés en établissements de santé).
Le vieillissement de la population, allié aux avancées techniques (on peut maintenant soigner à domicile des malades très lourds, sous assistance respiratoire ou en chimiothérapie), crée un fort besoin qui est loin d’être satisfait, même si d’importants progrès ont été accomplis ces dernières années – on est passé de trois départements sur quatre dépourvus de structures d’HAD à la fin des années 1990 à une petite dizaine de départements sans aucune association aujourd’hui.
L’apport de la T2A.
Ainsi que le souligne Elisabeth Hubert, des «verrous» réglementaires et financiers ont également sauté. Le « taux de change » qui voulait que la création d’une place d’HAD soit conditionnée par la fermeture de lits d’hospitalisation classique a disparu. Les promoteurs de l’HAD, qu’ils soient issus du secteur public ou du secteur privé (voir tableau), attendent par ailleurs beaucoup de leur passage à la tarification à l’activité (T2A).
Contrairement à ce qui se passe en hospitalisation classique (les cliniques privées sont totalement passées à la T2A, l’hôpital s’y met progressivement), toutes les structures d’HAD fonctionnent aujourd’hui à 100 % en T2A.
Elles se réjouissent de pouvoir, grâce à cela, en finir avec le décalage qui existe aujourd’hui entre places autorisées (il y en a à l’heure actuelle 7 266, voir tableau) et places effectivement installées (5 780), faute de financements.
Elles espèrent bien également faire avec cette opération la preuve de leur faible coût, par rapport à ceux de l’hospitalisation classique.
En outre, précise Elisabeth Hubert, «la T2A va nous permettre de nous développer en fonction des besoins des patients, suivant des contrats d’objectifs et de moyens négociés dans le cadre des Sros (schémas régionaux d’organisation sanitaire) ». Enfin, des freins psychologiques, qu’ils soient le fait des médecins hospitaliers, des médecins de ville (qui peuvent prescrire une HAD depuis 2000 mais s’y hasardent peu pour l’instant) ou de l’assurance-maladie, sont en train de s’estomper.
Tant et si bien que la promotion de l’HAD n’est plus l’apanage de doux rêveurs comme elle pouvait l’être il y a dix ans seulement. «A l’époque, se souvient le Dr Pierre-Jean Cousteix, président sortant de la Fnehad, pour créer une HAD, il fallait être complètement cinglé. Il s’agissait de soulever des montagnes pour, finalement, arriver à pas grand-chose.»
La donne a radicalement changé. Et Elisabeth Hubert est consciente de s’inscrire «dans une phase extrêmement volontariste» de l’histoire de l’HAD.
LHAD en avril 2006 | ||
NATURE DES STRUCTURES | PLACES AUTORISÉES | NOMBRE D'ÉTABLISSEMENTS |
Publics | 1993 | 83 |
Privés Psph | 1 112 | 18 |
Privés associatifs | 3 735 | 68 |
Privés à but lucratif | 426 | 16 |
Total | 7 266 | 185 |
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