Q U'ON se le dise : la ministre de l'Emploi et de la Solidarité travaille et les chantiers en cours sont nombreux.
Face aux critiques qui se sont multipliées ces dernières semaines sur son action ministérielle, Elisabeth Guigou a tenu à faire une mise au point et à montrer qu'en matière de gestion du social elle n'avait rien à envier à Martine Aubry.
Six mois, jour pour jour, après son arrivée rue de Grenelle et quelques heures avant l'intervention télévisée du Premier ministre, Lionel Jospin, destinée à relancer l'action gouvernementale, la ministre a dressé un premier bilan de son action et présenté son calendrier de travail pour les mois à venir.
Au crédit de son bilan, Elisabeth Guigou place avant tout l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) qui devrait être adoptée aujourd'hui en première lecture à l'Assemblée nationale. L'APA constitue, pour elle, la « quatrième grande réforme sociale de la législature » après les 35 heures, les emplois-jeunes, et la couverture maladie universelle. « C'est un changement d'échelle et de nature dans la prise en charge de la dépendance qui ne reposera plus sur la famille ou sur les proches mais sur la solidarité nationale, un premier pas vers un cinquième risque. C'est surtout la possibilité laissée à ces personnes de rester chez elles si elles le souhaitent tout en conservant leur dignité », a insisté la ministre.
Outre le projet de loi de modernisation sociale qui contient de nombreuses mesures sur les licenciements et une disposition essentielle pour la réforme des études médicales ainsi que la mise en uvre de la convention UNEDIC, Elisabeth Guigou a par ailleurs rappelé qu'elle avait ouvert les discussions avec les professionnels de santé sur l'ensemble du fonctionnement de la médecine de ville en liaison avec l'hôpital.
Les 35 heures à l'hôpital : importantes créations d'emploi
En effet, face à l'impasse dans laquelle se trouvaient les discussions conventionnelles entre l'assurance-maladie et les professions de santé, due en partie aux mesures mises en place par Martine Aubry, la ministre a été contrainte de rouvrir les discussions sur la politique de maîtrise des dépenses de santé. Un sujet délicat qui empoisonne régulièrement tous les gouvernements et qui constituera sans nul doute l'un des chantiers importants de la fin de la législature. Elisabeth Guigou a souhaité se donner du temps et mis en place un « comité des sages » qui devra rendre ses conclusions au mois de juin dans la perspective de la préparation de la prochaine loi de financement de la Sécurité sociale.
Auparavant, la commission des comptes de la Sécurité sociale, qui se réunira le 17 mai, aura permis de dresser un état des lieux dans le domaine des dépenses d'assurance-maladie (voir ci-dessous)
« Moi, ce que je souhaite c'est concilier qualité des soins et équilibre des dépenses. C'est pour cela que nous mettons l'accent sur une amélioration de la prévention et que nous devons maîtriser les dépenses sur la base d'un contrat avec les différents intervenants dans ce secteur », a expliqué la ministre.
C'est aussi dans cet esprit, affirme-t-elle, qu'elle a engagé la négociation sur les 35 heures dans les hôpitaux publics qui sera l'autre gros chantier des mois à venir, lourd de potentiels conflits sociaux. Rappelant l'engagement selon lequel le passage aux 35 heures s'accompagnerait « d'importantes créations d'emploi » contrairement au reste de la fonction publique, elle a souhaité que cette discussion soit également l'occasion de revoir l'organisation du travail à l'hôpital et de revaloriser certaines fonctions. Quant aux sages-femmes toujours en grève (lire page 4), la ministre a souligné que des dispositions financières les concernant avaient été prévues dans la cadre de l'accord signé avec les responsables des cliniques privées et que l'objectif des dépenses des professionnels de santé marquerait la priorité à la rénovation de la nomenclature des actes de celles qui travaillent dans le secteur libéral.
Enfin, la ministre de l'Emploi et de la Solidarité a exprimé son souhait que les deux grands projets de loi sur le droit des malades et l'indemnisation thérapeutique, d'une part, et la révision des lois bioéthiques, d'autre part, sans cesse retardés, puissent être examinés par le Parlement à l'automne. Réagissant par ailleurs au souhait exprimé par le ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner, d'organiser un débat public sur l'euthanasie, elle s'y est déclarée favorable tout en soulignant que « la priorité, c'était avant tout le développement des soins palliatifs, pour lequel il y a encore beaucoup à faire ».
La commission des comptes de la Sécurité sociale se réunira le 17 mai
Elisabeth Guigou a annoncé qu'elle réunirait la commission des comptes de la Sécurité sociale le 17 mai prochain. Les prévisions concernant le régime d'assurance-maladie, le seul qui enregistre encore un déficit important, ne devrait guère être encourageantes.
Selon les dernières statistiques de la CNAM, malgré un léger fléchissement par rapport à la fin de l'année dernière, le rythme de croissance de ces dépenses était toujours, sur les trois premiers mois de l'année, de plus de 5 %. A l'origine de cette forte croissance, les dépenses de médicaments devaient donc faire l'objet d'une nouvelle série de mesures. Elisabeth Guigou qui a précisé qu'un important travail interministériel était en cours à ce sujet et que les « choses avaient bien avancé », s'est toutefois refusée à avancer une échéance dans ce domaine.
« Je pense qu'il est inéluctable pour toutes sortes de raisons que les dépenses de santé augmentent. Cela dit, nous sommes redevables de leur bonne utilisation devant les Français. C'est notamment pour cette raison que j'ai maintenu le dispositif actuel de maîtrise des honoraires des professionnels de santé, même si j'en vois bien les défauts, tant que l'on n'en aura pas d'autres à la place », a expliqué la ministre.
Confrontée à la question du financement des 35 heures, Elisabeth Guigou a également jugé « pas anormal » que la Sécurité sociale, « qui bénéficie de l'effet emploi des 35 heures par le biais de plus fortes rentrées de cotisations sociales, y contribue ».
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