De quel côté balance aujourd'hui le cur syndical des 800 000 agents de la fonction publique hospitalière ? Bien malin qui pourrait le dire. Car, depuis quatre ans qu'ont eu lieu les dernières élections professionnelles à l'hôpital, l'institution a subi plusieurs bouleversements - les 35 heures, la mise en uvre d'Hôpital 2007... - et l'image des organisations syndicales y a évolué avec la position qu'elles ont adoptée sur ces dossiers comme, plus récemment, sur celui des retraites.
En choisissant mardi prochain leurs représentants au commissions administratives paritaires - CAP, dont les élections sont les seules qui donnent lieu à un recensement national (1) -, les hospitaliers publics vont certes faire vivre la démocratie de leur secteur, mais ils vont aussi permettre de mesurer l'audience parmi eux de chaque organisation syndicale. Huit cent mille électeurs (tout le monde vote mis à part les médecins), ce n'est pas rien. Ni aux yeux des syndicats qui les courtisent - au sein des organisations, les fédérations « santé » sont puissantes, François Chérèque, actuel secrétaire national de la CFDT, mais ancien patron de la branche santé du syndicat en est une illustration. Ni aux yeux des pouvoirs publics qui font les comptes et savent par la suite qu'il ne faut pas chatouiller telle ou telle organisation sous peine de mettre l'hôpital dans la rue, le cauchemar de tous les gouvernements. Au moment où le plan Hôpital 2007 commence à se mettre en uvre, à l'heure où une réforme de l'assurance-maladie est à l'ordre du jour, pour laquelle les partenaires sociaux vont être d'importants interlocuteurs, les enjeux du scrutin de mardi sont donc de taille.
Que faudra-t-il particulièrement observer ? D'abord, le score de la CGT. Suivie de très près depuis plusieurs élections par la CFDT, l'organisation de Bernard Thibault restera-t-elle ou non le principal syndicat à l'hôpital ? Son refus de signer l'accord sur les 35 heures, son « non » sur les retraites vont-ils lui profiter ou pas ? Comment, alors que ses adhérents sont plus âgés que ceux d'autres syndicats, la CGT va-t-elle encaisser l'accélération des départs à la retraite à l'hôpital ?
Certaines de ces questions, retournées, valent pour la CFDT. Quel volume de plumes celle-ci va-t-elle laisser dans son double choix d'adhérer et à la réduction du temps de travail (RTT) et à la réforme des retraites ? Il y a déjà eu, à l'hôpital, du rififi dans les fédérations CFDT - celle de Lille-Armentières a fait sécession tout entière. Individuellement, des militants ont rallié la CGT, SUD ou l'UNSA. Ces cicatrices visibles reflètent-elles une réalité plus globales ? Y compris parmi les adversaires de la CFDT, on pense que non, que le séisme sera dans les hôpitaux de petite magnitude et que le phénomène restera sans commune mesure avec ce qui s'est produit à la fin des années 1980 à la création de SUD. Reste à le vérifier sur la foi des bulletins de vote.
Enfin, le scrutin de mardi va être l'occasion de mesurer le succès d'organisations comme SUD ou l'UNSA, dont les professionnels de l'hôpital pensent, intuitivement, qu'elles ont actuellement le vent en poupe au sein de l'institution.
(1) Il y a en fait trois élections. Dans tous les départements, les personnels titulaires élisent leurs représentants aux CAPD ; dans les seuls gros établissements, ils choisissent aussi leurs représentants aux commissions administratives paritaires locales (CAPL) ; les personnels titulaires et contractuels des seuls hôpitaux désignent leurs représentants aux comités techniques d'établissement (CTE).
Les derniers résultats
Le paysage syndical issu du scrutin d'octobre 1999 est divisé en deux parts très inégales. Le territoire est occupé à 85 % par les trois grosses centrales syndicales que sont la CGT, la CFDT et Force ouvrière. Parmi ces « grands », la CGT est en tête et représente à elle seule près du tiers des agents (31,08 %). Elle est talonnée de très près par la CFDT (29,33 %) et par Force ouvrière (24,4 %).
Les « petites listes » se partagent le reste du gâteau. Dans l'ordre, la FGAF (Fédération générale autonome des fonctionnaires, qui fait partie de l'UNSA) en grignote 4,41 %, SUD-CRC 4,23 %, la CFTC 3,46 %, le SNCH (Syndicat national des cadres hospitaliers) 1,05 % et la CFE-CGC 0,32 %. Longtemps triennales, les élections professionnelles à l'hôpital ont désormais lieu tous les quatre ans.
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