L’éjaculation prématurée concernerait environ 30 % des hommes. Elle se définit comme une éjaculation survenant dans 50 % des cas avant que l’homme et sa partenaire ne le souhaitent. Outre ce critère très subjectif, le diagnostic prend également en compte le délai, moins de deux minutes, et le nombre de mouvements (moins d’une vingtaine), conduisant à l’éjaculation.
« L’éjaculation prématurée n’est pas en soi une maladie, explique le Dr Pascal de Sutter. L’homme est programmé pour éjaculer rapidement. Dans certaines cultures, d’ailleurs, tous les hommes sont des éjaculateurs rapides, notamment dans les sociétés où les femmes subissent une infibulation et ne peuvent supporter une pénétration prolongée. L’éjaculation prématurée est donc une inadaptation aux conditions imposées à l’homme occidental de "durer" suffisamment longtemps. »
Master et Johnson
Les traitements de première intention sont des méthodes fondées sur l’apprentissage dont deux sont aujourd’hui scientifiquement validées. La plus ancienne est la méthode de Masters et Johnson développée dans les années 1960. Elle suppose d’avoir une partenaire qui s’implique dans le traitement et accepte d’effectuer la manœuvre relativement peu érotique du squeezing : au moment où l’homme sent que l’éjaculation va se produire, il demande à sa partenaire de presser la base du gland, ce qui permet d’inhiber le réflexe d’éjaculation.
Thérapie sexofonctionnelle
L’autre méthode validée est la thérapie sexofonctionnelle (pour plus d’information : www.sexofonctionnel.com), méthode cognitivo-comportementale fondée sur l’apprentissage de techniques permettant de contrôler non pas l’éjaculation, qui est un phénomène réflexe et donc incontrôlable, mais l’excitation. Ce mode de traitement est le mieux adapté aux hommes qui n’ont pas de partenaire régulière ou qui ne souhaitent pas impliquer celle-ci dans un traitement peu sensuel et érotique.
La méthode consiste à donner au patient des informations scientifiquement fondées sur la sexualité pour lui permettre d’abandonner ses croyances dysfonctionnelles dans ce domaine (croire, par exemple, que la position du missionnaire permet de lutter contre l’éjaculation prématurée alors qu’elle est précisément celle qui fait éjaculer le plus rapidement). S’y associe une approche comportementale fondée sur des techniques d’apprentissage de la respiration, de la contraction musculaire…, pour aider le patient à mieux maîtriser son corps et à reconnaître les sensations d’une éjaculation imminente. Ce traitement peut être mis en œuvre en une douzaine de séances chez un sexologue formé à ce type d’approche.
Efficacité : 90 %
La méthode de Masters et Johnson et la thérapie cognitivo-comportementale sont efficaces l’une et l’autre dans 90 % des cas. Le taux de succès est peu influencé par l’âge ; il est toutefois toujours préférable d’intervenir tôt pour éviter que le comportement ne se fixe. L’efficacité du traitement est en revanche d’autant meilleure que les rapports sexuels sont fréquents.
Quant aux antidépresseurs, ils ne devraient pas être prescrits en première intention. Ils permettent une amélioration dans 50 à 70 % des cas mais ils ont des effets secondaires tels qu’il faut en réserver l’usage aux cas où les autres thérapeutiques ont échoué.
D’après un entretien avec le Dr Pascal de Sutter (Université de Louvain).
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