Alors que la ministre de la Santé Agnès Buzyn a ouvert ce lundi une concertation citoyenne sur la dépendance (une loi est prévue en 2019), la Mutualité française publie un observatoire édifiant sur le financement du vieillissement et de la perte d'autonomie.
La Mutualité a croisé plusieurs données chiffrées (assurance-maladie, INSEE, etc.) et études (DREES, HCAAM) publiées entre 2010 et 2018. Les résultats sont sans appel.
En France, le coût d'un mois en EHPAD pour les Français en perte d'autonomie la plus sévère (GIR 1 et 2) est de 2 450 euros en moyenne. Pour ces résidents, le reste à charge mensuel moyen (après allocation personnalisée d’autonomie, APA, et aide sociale à l'hébergement, ASH) est de 2 000 euros pour la prise en charge de l'hébergement et de la perte d'autonomie. Mais cette somme va du simple au double d'un département à l'autre : elle est de 1 600 euros par mois dans la Meuse et plus de 3 100 euros par mois à Paris et dans les Hauts-de-Seine.
Le reste à charge médian mensuel (après prise en compte des différentes aides) pour une chambre seule en EHPAD est supérieur à 2 102 euros en Île-de-France, dans le Calvados, dans une grande partie des Bouches-du-Rhône, en Gironde, en Charente-Maritime, dans le Rhône, en Corse et en Outre-Mer. À l’inverse, il est inférieur à 1 806 euros dans les régions montagneuses du centre de la France et les départements ruraux (Orne, Aveyron, Mayenne, Gers), à la pointe bretonne, dans les Landes, dans une partie du Grand-Est entre autres.
Dans plus de la moitié des cas, ce reste à charge est supérieur aux ressources du résident, précise l'étude.
30 milliards d'euros pour la dépendance
La Mutualité s'est également intéressée au reste à charge relatif au vieillissement en dehors des EHPAD (hospitalisation, maladie chronique, consommation en optique, audioprothèse et dentaire) après remboursement de l'assurance-maladie obligatoire (et avant le passage des complémentaires santé).
En 2016, 3,3 millions de personnes supportent un reste à charge moyen en santé de 2 900 euros par mois. Un tiers d'entre eux (37 %) a plus de 75 ans et souffre d'une ALD qui nécessite des soins hospitaliers. Un second tiers (35 %) a également plus de 75 ans, souffre d'une ALD stabilisée mais enregistre une dépense importante en optique, audioprothèse et dentaire. La Mutualité estime que 60 % de ces patients avec un reste à charge élevé verront ce dernier passer sous le seuil des 1 700 euros grâce à la réforme du reste à charge zéro.
En France, les dépenses liées à la prise en charge des personnes en perte d'autonomie sont estimées à 30 milliards d'euros, dont 12 milliards d'euros correspondent à des dépenses de santé.
Les mutuelles, qui gèrent près de 200 EHPAD, veulent « en complément de la solidarité nationale », proposer des solutions « d'ici à la fin de l'année » sur le financement, la prévention ou l'offre de services et d'accompagnement en EHPAD, « pour aider les Français dans la prise en charge de leur perte d'autonomie ».
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