L E syndrome d'Ehlers-Danlos est un groupe hétérogène de troubles héréditaires du tissu conjonctif, caractérisé par une hyperélasticité cutanée et une hyperlaxité articulaire. Sa fréquence est estimée à 1 pour 5 000.
Le diagnostic est le plus souvent fait cliniquement : cicatrices dystrophiques en « feuilles de cigarettes », langue hypermobile (signe de Gorlin), paupières extensibles (signe de Métenier) et acrocyanose posturale. Toutefois, aucun de ces signes ne permet un diagnostic à la naissance puisqu'ils apparaissent tous plus tard. On recherche donc un signe précoce.
Etant donné que les freins des lèvres et de la langue sont constitués principalement de tissu conjonctif, des Italiens (Claudio De Felice et coll.) se sont demandés si le syndrome ne comportait pas d'anomalies de ces freins.
Ils ont donc recruté 12 patients appartenant à 7 familles non apparentées et remplissant les critères d'un Ehlers-Danlos classique (ex-type 2 n = 4) ou hypermobile (ex-type 3 ; n = 8).
Hyperélasticité cutanée et hyperlaxité articulaire
Tous avaient une hyperélasticité cutanée et une hyperlaxité articulaire. Dans le type classique (mais pas dans l'autre), tous avaient des cicatrices atrophiques, et 2 avaient des nodules et des pseudotumeurs sous-cutanées. Trois patients du type classique et 7 du type hypermobile avaient des antécédents de subluxation (épaule, mâchoire) ; tous avaient une histoire familiale positive d'Ehlers-Danlos et 10 avaient un membre de leur famille inclus dans l'étude : 1 paire mère-fils, 1 paire mère-fille, 2 paires père-fils et 1 paire père-fille.
A titre comparatif, on a recruté 154 sujets contrôles non apparentés n'ayant pas de malformation congénitale, pas d'anomalie chromosomique, pas de maladie du tissu conjonctif, pas de sténose pylorique hypertrophique infantile (nous verrons plus loin l'intérêt de cette précision).
La bouche de tous les sujets, patients et contrôles, a été examinée par deux observateurs indépendants (taux de concordance : 100 %) et photographiée. Les freins étaient considérés soit comme présents, soit comme absents.
Aucun des 12 patients n'avait de frein labial inférieur et 9 d'entre eux n'avaient pas de frein lingual. Or, tous les contrôles avaient un frein lingual normal et un seul n'avait pas de frein labial inférieur. En revanche, tous les patients et tous les contrôles avaient un frein labial supérieur normal.
Bonne sensibilité et bonne spécificité
Ainsi, l'absence de frein labial inférieur a une sensibilité de 100 % et une spécificité de 99,4 % et l'absence de frein lingual a une sensibilité de 71,4% et une spécificité de 100 %.
Certes, l'absence de frein labial inférieur a été rapporté dans un tiers des cas de sténose pylorique hypertrophique infantile mais pas l'absence de frein lingual.
Les auteurs estiment donc que l'absence de frein labial inférieur et lingual peut constituer un critère mineur supplémentaire pour identifier les nouveau-nés atteints de syndrome d'Ehlers-Danlos, donc avant l'apparition des signes classiques. Mais ils faut des études complémentaires, d'une part, pour comprendre les mécanismes sous-jacents, d'autre part, pour tenter d'établir une corrélation entre phénotype et génotype.
« Lancet » du 12 mai 2001, pp. 1500-1501 (lettre).
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