Près de 39 ans après la loi Veil dépénalisant l’avortement, l’IVG serait elle toujours « un droit à part » ? Fermetures d’établissements, inégalité d’accès à l’IVG, culpabilisation des femmes, absence de choix de la méthode abortive médicale ou chirurgicale… Le rapport du Haut Conseil à l’Egalité entre les hommes et les femmes qui vient d’être remis à la ministre des Droits de la femme pointe nombre de points noirs dans le dispositif français de l’avortement. Un inventaire qui ne tient pas que de l’argumentation idéologique. à l’évidence, les délais d’attente trop importants ont pour conséquence d’allonger le terme au moment de l’IVG. Limitant ainsi le choix de la technique, du lieu d’accueil – tous les centres n’étant pas équipés pour pratiquer un avortement entre 10 et 12 semaines – et d’aggraver ainsi le risque de complications de l’acte. Or on sait bien qu’une IVG pratiquée tôt expose à moins de difficultés.
Parmi les multiples solutions préconisées par les experts du Haut Conseil à l’Égalité figure donc celle d’étendre la pratique de l’IVG chirurgicale sous anesthésie locale aux centres de planification familiale, mais aussi aux centres de santé et aux maisons de santé pluridisciplinaires. Une évolution audacieuse puisque leur pratique est aujourd’hui limitée aux seules IVG médicamenteuses praticables jusqu’à 5 semaines de grossesse. Cette demande, calquée sur les pratiques de nos voisins belges, ne peut toutefois pas faire l’économie de la question de la sécurité. Alors que les autorités sanitaires françaises poussent le principe de précaution à son extrême, diffuser aussi largement que souhaité les avortements par aspiration ne tient-il pas du paradoxe ?
On connaît les risques hémorragiques de l’IVG par aspiration, mais aussi infectieux, parfois source de stérilité secondaire ou de perforation utérine. Encore que les données statistiques sur la morbi-mortalité liées à l’IVG sont très parcellaires en France. Comment une telle politique pourrait être menée dans notre pays sans en avoir mesuré tous les risques?? Najat Vallaud-Belkacem devra sans doute s’interroger sur un principe de sécurité, qui vaut bien celui de l’égalité, avant de légiférer dans le domaine. Elle serait bien inspirée aussi de se rapprocher de son homologue de la Santé, Marisol Touraine, si prompte à ouvrir le parapluie « sécurité sanitaire » au moindre nuage gris. Y aurait-il en France une sécurité sanitaire à deux vitesses selon les ministères ?
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