Dans un milieu sportif particulièrement corrompu, on avait trouvé une méthode de tirage au sort susceptible de limiter les risques de fraudes ; en direct, face aux caméras du monde entier, un huissier tirait dans une urne opaque des boules qui portaient le nom des équipes de football qui allaient s’affronter.
Un petit malin eut l’idée de faire tiédir certaines d’entre elles avant de les immiscer dans le sac, afin qu’en l’absence de la vue, le toucher prît le relais des appariements « favorables » en termes de spectacle, donc pécuniaires.
Les scientifiques ont inventé une extraordinaire méthode* pour juger de l’efficacité d’un médicament : le double aveugle contre placebo.
Un petit malin est venu corrompre la pertinence de cette méthode en introduisant le consentement éclairé, c’est-à-dire que le médecin est tenu de tenir informé le patient qu’il a une chance sur deux de prendre une molécule inactive sur sa maladie.
Dès lors ce n’est plus l’effet du placebo que l’on juge, et partant celle de la molécule en lice, mais son pouvoir fantasmatique, ses ombres de la caverne de Platon !
L’effet placebo, c’est-à-dire l’action thérapeutique éventuelle d’une molécule neutre en regard d’une certaine pathologie, est induit par la relation complexe entretenue par le prescripteur avec son patient. Celle-ci est composée d’un mélange subtil d’autorité et de compétences supposées par le patient vis-à-vis du prescripteur.
L’expérience de Milgram, parfaitement mis en scène dans le film « I comme Icare » de Verneuil, est l’équivalent d’un double aveugle contre placebo, et ses conclusions, éloquentes, quant à la soumission à l’autorité, présupposent l’absence de consentement éclairé des « bourreaux ».
Avec beaucoup de recul voyons là, une perte de pouvoir des savants au profit des ignorants, un nivellement par le bas, un cabotage à vue sans perspective de découvertes de territoires inconnus, un désir de symétrie niant l’autorité et les compétences, une ultime preuve que les minorités (les droits des patients à accéder à une information complète comme s’ils étaient en permanence dans les coulisses du savoir) revendiquent les droits des majorités (l’ensemble des patients susceptibles de bénéficier d’une molécule plus efficace qu’un placebo) et donc se nient en tant qu’entités minoritaires et enfin une fusion des genres, une indistinction, une ubérisation, une universalisation, visant à abolir les contours des identités au profit d’un magma fétide au sein duquel règne, non le « Everything is a thing and not another thing » mais bien le « Every thing is all thing »… C’est bien quand on ne fait plus l’effort de distinguer les choses qu’elles prennent le pouvoir sur l’homme.
« À ce dont l’esprit se contente, on mesure l’étendue de sa perte. » Hegel
* Puisque la majorité des accidents est due à des erreurs humaines, on a mis au point le pilotage automatique sur les avions et on est à l’aube de le voir émerger sur les voitures. Puisque la majorité des fautes médicales incombait à une forme de subjectivité, cette méthode permettait d’en réduire l’impact, il est bien évident qu’elle est réintroduite de façon particulièrement pernicieuse avec le consentement éclairé.
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