LES APPORTS nutritionnels des Français sont caractérisés par une diminution des apports énergétiques, une part lipidique qui reste trop élevée, un déficit en fibres et en micronutriments apportés par les aliments d'origine végétale. On observe une progression de la consommation d'aliments « prêts à manger » associée à une perte des références culinaires. On note également une amélioration chez certains sous-groupes de population et une détérioration chez d'autres. Malheureusement, différentes études montrent que les consommateurs de compléments alimentaires ne sont pas toujours ceux qui ont l'alimentation la plus déséquilibrée et par conséquent qui en bénéficient le plus.
Or le bénéfice de ces compléments apparaît dès lors qu'ils s'adressent à une population ayant des apports alimentaires non optimaux. Tel était le cas de la population masculine de l'étude Suvimax. Rappelons qu'il s'agit d'une grande étude épidémiologique, réalisée chez 13 017 volontaires et qui a duré huit ans. Les sujets randomisés recevaient soit un complexe antioxydant à dose nutritionnelle (6 mg de bêtacarotène, 120 mg de vitamine C, 30 mg de vitamine E, 100μg de sélenium, 20 mg de zinc), soit un placebo. Les résultats de ce travail ont permis de dégager plusieurs notions. Tout d'abord, les femmes (de l'étude) avaient une alimentation plus équilibrée que les hommes ; elles mangeaient davantage de fruits et de légumes et avaient au début de l'étude des taux plasmatiques de bêtacarotène supérieurs. De plus, les auteurs ont observé chez les hommes du groupe placebo ayant les niveaux les plus bas de bêtacarotène plasmatique un risque plus élevé de cancer et de maladies cardiovasculaires. Enfin, les hommes du groupe supplémentation en antioxydants à dose nutritionnelle présentaient, après les sept années et demie de suivi de l'étude, une diminution de 31 % du risque de cancer et une diminution de 37 % du risque de décès (par rapport au groupe placebo). Ce bénéfice n'a pas été retrouvé chez les femmes (dont l'alimentation était moins carencée en fruits et légumes).
Un impact sur le risque cardiovasculaire ?
Un autre travail (étude Sheep) évaluait l'impact des compléments alimentaires sur le risque cardiovasculaire. Il s'agit d'une étude suédoise cas-témoins portant sur 2 053 hommes et 928 femmes, âgés de 45 à 70 ans ; 1 296 sujets ayant fait un infarctus du myocarde (IDM) non fatal étaient comparés à 1 685 témoins. Quarante-deux pour cent des femmes et 27 % des hommes, avec un antécédent d'infarctus, étaient consommateurs de compléments alimentaires, contre 57 % des femmes et 35 % des hommes du groupe témoin. Après ajustement pour les facteurs de risques cardiovasculaires majeurs, le risque de faire un IDM est de 0,79 (une réduction de 21 %) pour les hommes prenant un complément alimentaire et de 0,66 (réduction de 34 %) pour les femmes. Aussi intéressants soient-ils, ces résultats ne permettent pas d'affirmer une relation de cause à effet.
Pour autant, faut-il proposer des compléments alimentaires à tous les hommes, sachant que leur alimentation est moins conforme aux recommandations nutritionnelles que celle des femmes ? Bien sûr que non. Il faut avant tout poursuivre les efforts d'information et d'éducation, comme le suggère le Pnns (Programme national nutrition santé). Toutefois, chez les personnes n'arrivant pas à modifier suffisamment leur alimentation (ce qui est le cas de bon nombre d'hommes), il est possible de proposer des compléments à doses nutritionnelles. Reste que ce sont les femmes et les personnes ayant une alimentation équilibrée qui consomment le plus de compléments alimentaires. Un effort d'information est à faire également dans ce domaine.
Conférence de presse organisée par le Syndicat de la diététique et des compléments alimentaires, avec la participation du Dr Catherine Serfaty-Lacrosnière (nutritionniste, Paris) et du Dr Jean-Michel Lecerf (nutritionniste, institut Pasteur de Lille) .
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