Les techniques de télésurveillance « embarquées dans les patients » insuffisants cardiaques, en permettant une optimisation régulière de leur traitement, grâce à la connaissance journalière, voire continue, de leur statut volémique, pourraient constituer une nouvelle étape de la prise en charge de cette maladie. La mesure directe des pressions artérielles pulmonaires (PAP) semble plus efficace que celle de la bio-impédance pulmonaire mesurant la teneur en eau du thorax. Alors que ces techniques étaient initialement réservées aux patients candidats à un traitement électrique de leur insuffisance cardiaque, les capteurs étant inclus dans les boîtiers de certains constructeurs de défibrillateurs-resynchronisateurs, les résultats positifs de l’étude CHAMPION (1), confirmés par les analyses complémentaires récemment présentées à l’ACC, suggèrent l’intérêt d’équiper les patients demeurant en stade III de la NYHA malgré un traitement optimal d’un biosenseur implanté dans une artère pulmonaire inférieure permettant le suivi quotidien de leur PAP. Ce dispositif transmet en temps réel ses informations à un relais extérieur situé au domicile du patient qui, à son tour, transmet ces données au clinicien. La transmission entre le biosenseur et le relais s’opère par radiofréquences, lesquelles fournissent aussi de l’énergie au capteur, ainsi aucune batterie interne n’est nécessaire. Chez les 550 patients de l’étude CHAMPION, grâce à un protocole thérapeutique comportant, chez les sujets non traités par anticoagulants, une double anti-agrégation plaquettaire par aspirine et clopidogrel pendant 1 mois puis aspirine seule, aucun infarctus ou embolie pulmonaire secondaire au senseur n’est survenu pendant un suivi moyen de 15 mois. Les résultats initiaux retrouvant une diminution significative de 39 % des hospitalisations pour insuffisance cardiaque chez les patients télésuivis, indépendante de la valeur de fraction d’éjection qui était ≥ 40 % chez 22 % des patients inclus, ont été confirmés par l’analyse complémentaire présentée à l’ACC, portant sur les 337 patients avec une insuffisance cardiaque à fraction d’éjection altérée traités par IEC/ARA II et bêtabloquants à l’inclusion. Chez ces derniers, la connaissance des données hémodynamiques, analysées au moins une fois par semaine, qui est associée à des augmentations significatives des doses de diurétiques de l’anse mais également des dérivés nitrés, des IEC/ARA II et des bêtabloquants, permet par rapport au groupe contrôle, une diminution significative de 49 % des hospitalisations pour insuffisance cardiaque et de 50 % de la mortalité totale en analyse multivariée. Le rapport bénéfice/risque très en faveur du suivi de la PAP chez les patients insuffisants cardiaques doit maintenant conduire à comparer cette technique aux autres modalités moins invasives de télésurveillance de cette maladie, afin de déterminer les paramètres les plus simples et les plus efficaces à suivre pour prévenir les décompensations avant de transformer nos patients en Robocop !
(1) Abraham WT et al. Lancet 2011;377:658-66
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