Congrès ICAAC à San Diego

Éditorial : mobilisation générale

Publié le 26/11/2015
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Cette année encore, le Quotidien du médecin s’associe à la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF) pour vous faire partager les analyses se dégageant suite aux deux congrès importants pour notre spécialité, l’ICAAC et l’IDweek.

Mais l’actualité en France, ce sont avant tout les terribles attentats qui ont frappé Paris le 13 novembre. La SPILF tient à exprimer toute sa compassion envers les victimes de ces assassinats et ses très sincères condoléances à leurs familles et leurs proches. Notre activité doit se poursuivre. La prise en charge du VIH et de l’hépatite C en fait toujours, et plus que jamais, partie. Le traitement de l’hépatite C permet désormais de guérir l’infection et d’espérer d’enrayer l’épidémie, mais le prix des traitements reste toujours un frein et justifie de rationaliser le bon usage des antiviraux. Des RCP ont été mises en place pour encadrer les indications des traitements. Compte tenu de leur expertise, les infectiologues doivent être associés à ces RCP, en particulier pour les patients co-infectés. Pour la prévention du VIH, les infectiologues seront au cœur du dispositif de mise en place de la PreP.

La vaccination a fait également l’objet de nombreux débats. En France, comme dans beaucoup de pays, la couverture reste insuffisante vis-à-vis de certaines maladies. Les difficultés d’approvisionnement et les prises de position parfois discordantes émanant des autorités de santé, suscitent beaucoup d’interrogations et induisent une certaine méfiance chez les professionnels. Nous avons besoin du soutien des autorités sanitaires, pour qu’un message cohérent parvienne aux professionnels et au grand public.

La résistance bactérienne et l’intérêt du stewardship étaient cette année un thème majeur, témoignant de la prise de conscience générale. Rien ne sert de polémiquer sur les chiffres. Il ne s’agit pas d’être alarmiste, mais objectif. Et constater que les infections communautaires, en particulier urinaires, dues à des bactéries multirésistantes sont devenues une réalité, à l’hôpital mais également en ville.

Certes, et c’est heureux, toutes ces infections ne sont pas mortelles et certains anciens antibiotiques restent parfois actifs... Parce qu’ils ont été peu ou pas utilisés depuis des années. Des molécules en cours de développement semblent également intéressantes.

Quoi qu’il en soit, chaque gramme d’antibiotique administré induit une pression de sélection sur le microbiote. Il est essentiel de tous les utiliser de façon raisonnée. Cela impose une réflexion sur les modalités de prescription, le développement du stewardship et une révision des durées des traitements. Il est du devoir des infectiologues de rappeler ce message de bon sens et de coordonner la mise en œuvre de toutes les actions envisagées pour atteindre cet objectif, il est de la responsabilité de chaque prescripteur d’adhérer à ces actions. La mobilisation générale doit être sonnée en France, comme cela a été fait aux États-Unis ou en Angleterre. Merci à tous pour votre participation !

Présidente de la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française
Pr France Roblot

Source : Congrès spécialiste