Cette édition de l’ASCO a été marquée par un feu d’artifice thérapeutique, encore faut-il relativiser devant le très grand nombre d’études encore précoces et les avancées confirmées. Un des aspects majeurs cette année est la généralisation de l’intérêt des immunothérapies ; après les anti-CTLA4, place aux inhibiteurs du récepteur de mort programmée PD1 et l’un de ses ligands, PDL1 : une efficacité thérapeutique est établie dans les mélanomes après échec des inhibiteurs de BRAF mutés ou de l’ipilimumab, et maintenant en association à l’ipilimumab, et dans tous les types de cancers bronchiques après échec des traitements chimiothérapiques ou par ITK. Et une activité est caractérisée dans les cancers du rein, urothéliaux, épidermoïdes ORL, de l’œsophage et peut-être les cancers ovariens.
Idéalement, la mesure du PDL1, quand elle sera normalisée, permettrait d’identifier les tumeurs sensibles. En effet, ces immunothérapies sont caractérisées par un taux de réponse encore bas – de l’ordre de 25 % – l’existence de très longues réponses chez 10-30 % des répondeurs, et des effets indésirables constitués de manifestations auto-immunes. Leurs associations avec les traitements chimiothérapiques et ciblés représentent aussi une voie d’avenir.
Les traitements ciblés plus ou moins spécifiques se multiplient en effet, et leurs associations se généralisent, avec parfois des effets indésirables importants chez 60-70 % des patients traités. Les inhibiteurs de PARP dans les cancers ovariens, approuvés chez les femmes porteuses de mutations germinales de BRCA1 ou BRCA2, en cas de mutation somatique dans la tumeur inactivant PARP, pourraient également être actifs quand la tumeur exprime un profil d’expression d’anomalies de la réparation, notamment des lésions double brin (rucaparib). Ceci présage évidemment d’un développement dans les cancers du sein, et plus généralement dans les tumeurs présentant ce profil d’expression qui doit être affiné.
Le problème du coût de ces associations était largement envisagé, même si les solutions ne sont ni évidentes, ni peut-être univoques. L’analyse de l’efficience – schématiquement coût/année de vie gagnée – est maintenant réclamée par beaucoup d’agences du médicament, ainsi qu’une analyse en vraie vie.
Les études de ce type doivent encore démontrer leur efficacité économique, elles sont néanmoins indispensables. Quel sera l’impact sur la recherche de médicaments anticancéreux, qui représente 30-40 % de la recherche totale des groupes pharmaceutiques impliqués ? Suite aux prochains ASCO, ESMO, congrès de la SFC !
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature