L'étude présentée l'an dernier dans « Science » (« le Quotidien » du 26 septembre 2002) et qui concluait que seulement deux ou trois prises d'ecstasy pouvaient élever le risque de syndrome parkinsonien, chez le singe en tout cas, était entachée d'une erreur grossière.
Dans la même revue, les auteurs de ce travail publient, aujourd'hui, une lettre de rétraction. Ils y expliquent que le flacon destiné à intoxiquer les animaux ne contenait pas de la MDMA (ecstasy), mais de la méthamphétamine, connue pour provoquer les neurotoxicités dopaminergique et sérotoninergique constatées l'an passé chez tous les primates, sauf un.
Les chercheurs se sont aperçus de leur erreur lorsqu'ils ont tenté de reproduire, sans succès, la toxicité dopaminergique en proposant de la MDMA par voie orale à leurs animaux de laboratoire. De plus, des tentatives de reproduction de l'expérimentation initiale n'aboutissaient pas aux mêmes résultats. C'est alors que les scientifiques américains se sont aperçus que les nouveaux travaux étaient réalisés avec un lot récent du toxique. Une analyse sophistiquée du contenue du flacon neuf est réalisée : il s'agit bien d'ecstasy.
Une recherche est alors faite dans les archives du laboratoire. Elles apportent la clé du mystère.
Deux flacons parvenus le même jour
Pour réaliser les études publiées en 2002, les chercheurs avaient commandé un flacon de 10 g de MDMA. La commande avait comporté l'achat, chez le même fournisseur, de 10 g de méthamphétamine. Les deux flacons étaient parvenus le même jour, dans le même emballage. La seule différence entre les conditionnements reposait sur l'étiquette. Le flacon estampillé « méthamphétamine » est alors retrouvé. Le produit est analysé : il s'agit de MDMA, sans trace de méthamphétamine. Le fournisseur avait interverti les étiquettes.
Pour conforter leur certitude, les chercheurs récupèrent des échantillons de cerveau congelés d'animaux censés avoir reçu de l'ecstasy. L'analyse y retrouve de la méthamphétamine et son métabolite l'amphétamine. La preuve est faite.
Cette erreur de laboratoire ne remet pas en cause les travaux démontrant la toxicité sérotoninergique de l'ecstasy, chez l'animal, précisent G. A. Ricaurte et coll. Une toxicité dopaminergique de la MDMA reste possible chez le primate, comme elle existe chez le rongeur, mais à des doses différentes. D'ailleurs, des travaux récents ont suggéré l'apparition de maladie de Parkinson chez des consommateurs réguliers d'ecstasy.
Quant au singe indemne... il avait reçu de l'ecstasy provenant d'un autre flacon.
« Science », 12 septembre 2003.
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