JOHNNY HALLYDAY sera le fil rouge de la rentrée 2006-2007. Plutôt que d’investir un immense stade pour un show démesuré, notre rockeur national et largement sexagénaire a donné plusieurs rendez-vous à ses admirateurs(trices), dont certains sont déjà complets : à Bercy (21, 29/9-1/10), au Zénith à Paris (9-11/11), au mythique Olympia (5-9/12) et dans l’intimité de La Cigale (12-17/12). Des salles différentes pour un autre rapport avec l’artiste.
Pour rester dans le domaine des gloires d’un certain passé de la chanson française, les amateurs pourront se rendre aux concerts du toujours jeune et succulent Pierre Perret (Olympia, 26-29/10) et d’ Enrico Macias (idem, 31/10-5/11), pour des retrouvailles arabo-andalouses, ou encore de l’ex-égérie des années 1970, la chanteuse Dani (Bataclan, 17/10).
La génération de « papy-boom » effectuera un pèlerinage au Grand Rex à Paris pour y retrouver Au Bonheur des Dames (ABDD, 19/10), un groupe éphémère de requins de studios, pur produit des années VGE, tout comme le chanteur/ compositeur/interprète Charlélie Couture (Le Trabendo, 7/11).
Une autre génération a aussi rendez-vous avec ses idoles et ses jeunes années mitterrandiennes. Ainsi Patrick Bruel (Paris-Zénith, 17-22/10), Liane Foly (Grand Rex, 18/11), Indochine (Bercy, 7-8/11),
Roch Voisine (Olympia, 12-15/10) ou encore Garou (Olympia, 16-19/11), Art Mengo (idem, 20/10), Hubert-Félix Thiéfaine (Zénith, 17/11) et Lara Fabian, pour un spectacle intitulé « Piano & Voix » seulement (Casino de Paris, 25/9), sont attendus pour un passage de témoin intergénérationnel.Quid des jeunes et de la « nouvelle chanson » française ? Si l’on met à part l’éructante et vociférante « chanteuse » Diam’s (Paris-Zénith, 15-16/11) ou l’insipide Corneille (idem, 18/11), dont les principales qualités sont d’être de gros vendeurs de disques matraqués par certains médias ou encore le show bon marché (« cheap show »), de la minimaliste et sans saveur compositrice/interprète Anaïs (Olympia, 9-11/11), il convient de mentionner LA découverte de l’année, l’excellent « slammeur » Grand Corps Malade (Bataclan, 3-14/10), qui a véritablement donné aux mots toute leur importance sans l’usage d’un dictionnaire de rimes, le toujours parfait Bénabar (Bercy, 30/11), qui confirme son travail, le groupe Louise Attaque (idem, 29/11), le trop rare Vincent Delerm (La Cigale, 21/11-9/12) et une découverte intéressante, Mademoiselle K. (La Maroquinerie, 28/9).
Rock, pop & blues.
A ne manquer sous aucun prétexte, la tournée d’adieu des 80 ans de l’une des dernières légendes du blues vivant, B.B. King et sa guitare, Lucille (Paris-Zénith, 17/9).
Groupe emblématique de la nouvelle vague heavy-hard metal d’outre-Manche dans les années 1980, Iron Maiden (Bercy, 28/11) revient également avec un nouveau CD « Matter of Life and Death » (EMI).
Dans le même registre et pour les nostalgiques des années 1970, retour aussi de Motörhead (Zénith, 7/12), un groupe créateur à l’époque d’un style musical baptisé thrash-speed metal. Tout un programme ! Et pour rester dans la vague de résurrection des locomotives du passé, petit détour avec une des formations phares du british rock des années 1960-1970, les revenants largement quinquagénaires de Status Quo (Olympia, 22/10).
Autre groupe, autres musiciens et autre époque, moins trash, avec Placebo (Bercy, 2/10), dont le travail récent approchait de la perfection, quelques icônes, le beau George Michael (Bercy, 9-10/10), Johnny Clegg et sa culture sud-africaine (Grand Rex, 19/11) et l’un des rares authentiques poètes du blues rock moderne, Ben Harper (Bercy, 23/10).
Du côté des femmes qui parviennent à durer au-delà des simples apparences, Madeleine Peyroux (Olympia, 27-28/11), dont le dernier CD est prévu pour l’automne, la guitariste Ilene Barnes (La Cigale, 13/11) ou encore la très énergique bassiste Me’Shell Ndegeocello (idem, 14/11), à la limite du jazz et du funk, sont très attendues, tout comme la nouvelle étoile montante anglaise, la charmante Corinne Bailey Rae (Grand Rex, 18/10).
Tout le jazz.
Ses apparitions aux festivals Jazz à Juan et Jazz in Marciac cet été ont quasiment provoqué des émeutes : Jamie Cullum, le jeune pianiste et chanteur anglais, digne héritier des plus grands crooners, mérite bien sa réputation de chauffeur de salles (Zénith, 2/11).
Après avoir massacré quelques standards de la chanson française et sombré dans un certain ridicule, la vocaliste Dee Dee Bridgewater amorce un retour en France – et vers l’Afrique – pour l’enregistrement en direct d’un nouveau projet intitulé « Malian Project » (New Morning, 18-20/9). A suivre… Trompettiste phare des années 1960, moins connu que Miles Davis, mais tout aussi important, Freddie Hubbard, 68 ans, qui a inspiré plusieurs générations de jeunes instrumentistes, fera une (trop) brève escale parisienne (New Morning, 31/10).
Critiqué et villipendé surtout pour ses exigences et ses humeurs de star du show-biz, le pianiste Keith Jarrett, qui avait pourtant enflammé musicalement certains festivals de l’été 2006, se produira en solo pour la réouverture de la salle Pleyel à Paris (31/10 & 3/11) peu de temps après la sortie de son double CD en solo, « The Carnegie Hall Concert » (ECM/Universal, 25/9).
A l’image du vénérable Roy Haynes,Billy Hart (Sunset, 15 & 16/9) est un « batteur pour batteurs » qui met son impressionnante expérience rythmique au service des nouvelles générations, tous instruments confondus.
Petite rentrée world.
Pour la première fois depuis une quinzaine d’années, les musiques du monde ne tiennent pas le haut du pavé de la rentrée. Renvoyées à leur ethnicité, elles font très pâle figure malgré la venue d’une diva du genre, Cesaria Evora (Olympia, 24-26/11) et de la chanteuse espagnole Luz Casal (La Cigale, 24-28/10).
> DIDIER PENNEQUIN
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