M ISE en place en mars 1993, ECHODIAH est une étude prospective, multicentrique, randomisée, contrôlée, menée en double insu contre placebo sur une durée de trois ans, sous l'égide d'un comité scientifique composé des Prs M. Dougados (hôpital Cochin, Paris), M. Lequesne (hôpital Léopold-Bellan, Paris), B. Mazières (hôpital Purpan, Toulouse), E. Vignon (hôpital Edouard-Herriot, Lyon) et du Dr L. Berdah (Laboratoire Negma), et avec, comme coordinateur national, le Dr M. Nguyen (hôpital Cochin, Paris).
Cinq cent sept patients recrutés dans vingt-six centres régionaux répartis sur toute la France ont été inclus dans cette étude à laquelle ont participé cent vingt investigateurs.
Les patients souffraient d'une coxarthrose connue depuis plus d'un an, définie, selon les critères de l'American College of Rheumatology, par l'existence d'un pincement d'un interligne articulaire radiologique compris entre 1 et 3 mm à l'endroit le plus pincé, et au plan fonctionnel par un indice de Lequesne compris entre 3 et 12, et l'existence d'une douleur qui persistait depuis deux mois.
Une coxarthrose secondaire, un traitement chirurgical, une arthroscopie, une injection intra-articulaire dans les mois précédents, la mise en place d'une prothèse de hanche controlatérale depuis moins de six mois étaient les principaux critères d'exclusion.
Les patients étaient randomisés pour recevoir soit 50 mg de diacerhéine deux fois par jour, soit un placebo, tout en conservant la possibilité de recourir à un traitement symptomatique par des antalgiques ou des anti-inflammatoires, sauf pendant les quelques jours (de 3 à 7 jours) qui précédaient les visites de contrôle.
L'interligne, marqueur de la dégradation du cartilage
L'effet structural de la diacerhéine a été évalué sur la progression de l'interligne articulaire, marqueur de dégradation du cartilage chez les arthrosiques.
Pour ce faire, précise le Dr N'Guyen, « l'épaisseur de l'interligne coxo-fémoral a été mesuré au point de pincement maximum sur des radiographies de bassin réalisées à l'entrée dans l'étude et une fois par an au cours de l'étude ; les mesures réalisées à l'aide d'un oculaire micrométrique par le même observateur, en aveugle du traitement reçu, de la chronologie des radiographies et de la hanche cible permettaient ainsi d'évaluer la vitesse annuelle de dégradation du cartilage (mm/an) ».
Les résultats, analysés en intention de traiter et sur la population de compléteurs (patients qui ont pris le traitement pendant les trois ans de l'étude), étaient exprimés en pourcentage de patients aggravés pendant l'essai, l'aggravation étant définie par un pincement coxo-fémoral d'au moins 0,5 mm au point de pincement maximum.
Au terme des trois ans, le nombre de patients aggravés était significativement moins important dans le groupe diacerhéine (50,7 %) que dans le groupe placebo (60,4 %) pour la population en intention de traiter (p = 0,036), ainsi que chez les patients compléteurs (47,3 % versus 62,3 %, p = 0,007).
Le Pr E. Vignon signale également qu'au sein de cette population de 269 patients la vitesse annuelle de progression de l'interligne articulaire était significativement plus lente dans le groupe diacerhéine (0,13 mm/an) que dans le groupe placebo (0,23 mm/an) (p = 0,041).
Un profil de tolérance conforme aux données requises
Au cours de l'étude, la tolérance de la diacerhéine a été évaluée. « Le recueil systématique des événements indésirables montre que le profil de tolérance de la diacerhéine est conforme aux données requises », souligne le Pr B. Bannwart (Bordeaux), « les effets secondaires principaux étant des troubles digestifs, principales causes d'arrêt prématuré de traitement. »
Cette étude, dont la validité a été reconnue par les autorités de santé, a permis d'obtenir une modification des mentions légales d'ART50 et de confirmer la bonne tolérance clinique et biologique de la diacerhéine dans une utilisation à long terme.
Pour le Pr M. Dougados, ECHODIAH devrait encore permettre d'améliorer les connaissances sur la maladie arthrosique : la poursuite d'un versant épidémiologique est prévu sur dix ans pour étudier les facteurs prédictifs de l'évolution de l'arthrose : les prélèvements de sang et d'urines effectués chez les patients au début et en cours d'étude sont destinés à étudier les marqueurs biologiques de l'arthrose et notamment, comme l'explique le Pr B. Mazière, la corrélation entre ces marqueurs et le pincement articulaire initial, leur variation dans le temps et leur traduction dans la coxarthrose destructrice rapide.
Conférence de presse organisée par les Laboratoires Negma-Lerads.
ART 50 : un mode d'action original
La diacerhéine est un anti-arthrosique symptomatique d'action lente présentant un mode d'action original, l'inhibition in vitro de l'interleukine 1, principale cytokine destructrice du cartilage.
Son absence d'interférence avec les prostaglandines explique sa très bonne tolérance gastrique.
Indiquée dans le traitement symptomatique des manifestations fonctionnelles de l'arthrose, la diacerhéine a montré son efficacité clinique à travers de nombreux essais thérapeutiques, se traduisant par une amélioration de la douleur et du handicap fonctionnel ainsi qu'une diminution de la consommation d'anti-inflammatoires non stéroïdiens et d'antalgiques.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature