UNE PLANTE vendue en herboristerie et dans les magasins de produits naturels, l' echinacea, pourrait permettre aux Américains du Nord de gagner en productivité en évitant une partie des jours de travail perdus pour cause de rhume. Cette pathologie, fort banale en apparence, est à l'origine de 40 % des journées de travail perdues aux Etats-Unis et de 30 % des absences dans les établissements scolaires. Si on ne sait toujours pas les causes précises de l'infection, qui peut être due à 200 virus distincts – principalement des rhinovirus ou des coronavirus –, on sait qu'en moyenne les adultes s'infectent de deux à quatre fois par an et les enfants de six à dix fois. Aucun traitement préventif ou curatif réellement efficace n'existe actuellement.
Le rhizome de l' echinacea, une plante originaire d'Amérique du Nord, est utilisée par les populations autochtones depuis des siècles pour lutter contre les infections ORL.
Tige, fleur ou racine.
L' echinacea est consommée encore aujourd'hui sous forme de breuvages médicinaux préparés à partir de la tige, de la fleur ou de la racine de la plante. Le principe actif n'a pas encore été parfaitement identifié. Il semblerait qu' echinacea puisse agir sur les défenses immunitaires par le biais de ses propriétés immunostimulantes médiées par le TNF alpha.
L'effet clinique pourrait être en rapport avec la présence d'un composé chimique de la famille des phénols : E.purpurea contient en effet de l'acide cichorique et caftarique, et la partie haute des racines d' E.angustifolia et E.pallida de l'echinacoside.
Aux Etats-Unis en 2002, près de 20 % de la population utilisait des produits naturels ou des suppléments alimentaires. Une analyse de marché réalisée cette année-là a confirmé la popularité du l' echinacea chez les utilisateurs de plantes médicinales, puisque 40,3 % des personnes interrogées déclaraient y avoir eu recours au moins une fois au cours de l'année écoulée du fait de ses propriétés alléguées sur les infections ORL.
Depuis le milieu des années 1990, cette allégation a fait l'objet d'au moins quatorze études cliniques, dont la méthodologie et les conclusions ont été parfois contradictoires. Pour mieux analyser l'intérêt de cette plante, l'équipe du Dr Sachin Shah (Hartford, Connecticut) a réalisé une métaanalyse de ces essais cliniques, dont sept étaient principalement centrés sur l'incidence des rhumes, cinq sur leur durée globale et deux sur l'incidence associée à la durée.
L'analyse a été rendue difficile par l'hétérogénéité de la méthodologie de ces études : personnes déjà contaminées, volontaires sains infectés naturellement ou de façon expérimentale, utilisation concomitante d'autres substances à action préventive alléguée (vitamine C, eucalyptus, thym…), délai d'observation allant de sept jours à douze semaines.
Réduction du taux d'infection.
Pour les auteurs «l'echinacea permet de réduire le risque de rhume de 58% et de faire baisser la durée de la maladie de 1,4jour. Les données analysées ne permettent pas de conclure à une majoration de l'effet d'echinacea par l'utilisation conjointe d'autres substances en raison du manque de données comparatives. Dans la population de volontaires tout-venant, l'utilisation de la substance active a permis de réduire le taux d'infection par des virus circulants de 65%, alors que, dans des conditions expérimentales d'inoculation, la prophylaxie ne s'est révélée efficace que pour 35% des sujets. Enfin, l'analyse comparative des différentes doses utilisées tend à prouver que les dosages recommandés par l'OMS en 1999 (3 g par jour) sont ceux dotés de la meilleure activité préventive et curative».
« Lancet Infectious Disease » 2007; 7, pp. 473-480, 7 juillet 2007.
Herboristerie et ethnobotanique
Echinacea est un genre de plantes qui comprend 11 taxons (9 espèces et 2 sous-espèces), tous originaires d'Amérique du Nord. Ce genre de la famille des asteracées comprend trois espèces réputées en herboristerie et utilisées en ethnobotanique : Echinacea angustifolia, Echinacea purpurea et Echinacea pallida.
Certaines des espèces des Echinacea – notamment E.purpurea, E.angustifolia et E.pallida– sont cultivées comme plantes ornementales dans les jardins. D'autres espèces sont utilisées dans la restauration des prairies ou pour la constitution des stocks de fourrage.
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