Le gouvernement ne pouvait pas ignorer que le Conseil constitutionnel rejetterait les dispositions, dans la loi sur le nouveau statut de la Corse, qui accordaient aux élus corses le droit d'aménager à leur convenance les lois de la République.
Lionel Jospin a réagi par une pirouette. Il est allé, a-t-il assuré, « au bout » de son projet. Façon de dire : « Je fais ce que je peux pour complaire aux nationalistes corses, mais si le Conseil constitutionnel n'est pas d'accord, je n'y suis pour rien. » C'est vrai, mais un gouvernement ne devrait faire adopter une loi que s'il est sûr qu'elle ne sera pas abrogée. Non seulement le nouveau texte est tronqué par le Conseil, mais l'espoir d'un retour au calme sur l'île de Beauté s'estompe. Bien entendu, les nationalistes sont déçus, et puisqu'ils devaient l'être de toute façon, était-il utile de présenter un texte qui allait trop loin dans la délégation de pouvoirs ?
Quant aux socialistes, qui rappellent que tous les autres articles de la loi ont été entérinés par le Conseil constitutionnel, ils ne trompent personne. Car c'est bien sur l'article amputé par le Conseil que le débat a été le plus vif, c'est à cause de lui que Jean-Pierre Chevènement a démissionné, c'est bien lui qui a divisé les Français. Il s'agit donc d'un échec pour le gouvernement et d'une victoire pour l'opposition.
La crise corse n'est pas du tout résolue et M. Jospin semble s'en laver les mains. Ce n'était pas la peine de rédiger un texte révolutionnaire s'il n'apportait pas une solution qui convînt à la fois aux nationalistes corses et aux autres. Des actes de violence ont été commis avant même le rejet d'une partie de la loi par le Conseil, on peut être sûr qu'il s'en commettra encore après le rejet.
Ce gouvernement a du mal à clore les dossiers.
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