Protéger les ligaments croisés antérieurs

Échauffement spécial pour les genoux des footballeuses

Publié le 30/05/2012
Article réservé aux abonnés
1338366492352475_IMG_84707_HR.jpg

1338366492352475_IMG_84707_HR.jpg

1338366490352279_IMG_84644_HR.jpg

1338366490352279_IMG_84644_HR.jpg
Crédit photo : S Toubon

LES EXERCICES RECOMMANDÉS sont bien connus des salles de sport. Renforcement musculaire profond, équilibre et réalignement articulaire, rien de saugrenu. Le jeu en vaut la chandelle chez les jeunes footballeuses, puisqu’un échauffement de ce type par séances de quinze minutes au moins deux fois par semaine permettrait de diminuer de 64 % la survenue de traumatismes des ligaments croisés antérieurs (LCA). Ce sont les résultats d’une étude suédoise ayant inclus 230 clubs nationaux de football féminin, soit 4 564 jeunes filles âgées de 12 à 17 ans. Car si les traumatismes du genou sont fréquents lors de la pratique du football, les ruptures des LCA sont deux fois plus fréquentes chez les femmes. Outre l’arrêt prolongé de l’activité sportive, les lésions des LCA majorent le risque d’arthrose précoce.

Le programme d’échauffement repose sur six exercices bien décrits : accroupissement sur une jambe, lever de bassin, accroupissement à deux jambes, fléchissements dits en « fente glissée » (« lunge » en anglais), exercices à l’aide d’un banc, technique dit de saut-réception (« jumping-landing »). Chaque exercice se découpe en 4 étapes d’intensité progressive. Chaque séance est précédée de 5 minutes de course à petite foulée, ce qui chiffre à environ 15 minutes au total, une fois les participants familiarisés. Dans l’étude, il était prévu que deux échauffements de ce type soient effectués chaque semaine avant l’entraînement durant toute une saison.

Les 4 564 participantes étaient réparties en deux groupes, 2 479 dans le groupe avec échauffement et 2 085 dans le groupe témoin. Près de 68 kinésithérapeutes et 8 médecins du sport ont été mobilisés pour les besoins de l’étude. Leur rôle était de former et d’aider les entraîneurs à faire réaliser les exercices, ainsi qu’à recueillir les données concernant les accidents survenus. Des formations régionales étaient organisées et chaque entraîneur se voyait remettre un fascicule accompagné d’un CDrom.

Diminution de 64 %.

Au cours des 278 298 heures de pratique sportive totalisée, 96 traumatismes du genou sont survenus (49 dans le groupe intervention et 47 dans le groupe témoin) parmi 92 joueuses. Parmi eux, 57 étaient graves, à type d’entorses (22), de lésions du LCA (21), de luxations patellaires (7), de lésions méniscales (6) et de fracture du plateau tibial (1). Vingt et une ruptures du LCA ont été enregistrées, 7 (0,28 %) dans le groupe échauffé et 14 (0,67 %) chez les témoins. Ce qui correspond à une diminution de 64 % de la survenue du traumatisme. Les chercheurs suédois ont calculé que, pour 1 000 heures de sport, il faut échauffer 14 joueuses pour éviter une rupture du LCA. De tels programmes d’échauffement se sont également révélés intéressants dans d’autres sports féminins, handball et « floorball » (sorte de hockey en salle). Et il serait bien étonnant que les messieurs sportifs n’en bénéficient pas eux aussi.

BMJ 2012; 344:e3042

Dr IRÈNE DROGOU

Source : Le Quotidien du Médecin: 9133