Mardi, au centre clinique du National Institute for Health (Bethesda), a eu lieu un événement : un volontaire fut le premier à recevoir une injection d'un candidat vaccin à ADN contre le virus Ebola. Comme lui, 26 autres volontaires vont participer à un essai de phase 1 destiné à évaluer la tolérance de cette préparation vaccinale. Cet essai est conduit par le Vaccine Research Center (VRC) du NIAID américain ; le vaccin est fabriqué par Vical Inc. (société de biotechnology basée à San Diego).
Il y a trois ans, presque jour pour jour (« Nature » du 30 novembre 2000), une équipe américaine rapportait le succès, chez le singe, d'un vaccin expérimental contre Ebola. La stratégie combinait trois injections d'ADN nu (plasmide exprimant une nucléoprotéine de virus Ebola et trois sous-types de glycoprotéines de différents virions) suivies, quatre semaines plus tard, d'une injection de rappel contenant un vecteur adénovirus recombinant exclusivement une glycoprotéine du virus Zaïre (une des quatre souches recensées du virus). Résultat : des anticorps spécifiques étaient détectés un mois après la dernière injection d'ADN et l'injection de rappel d'adénovirus s'est accompagnée d'une élévation du titrage des anticorps d'un facteur 10 à 20. Mis en contact avec une souche virale Zaïre, les singes vaccinés n'avaient présenté aucun signe hépatique et un seul avait présenté une virémie transitoire.
La recherche d'un vaccin anti-Ebola était devenue une priorité pour deux raisons : premièrement, alors qu'on avait observé un écart de près de vingt ans entre la première (1976) et la deuxième (1995) épidémie de fièvre hémorragique mortelle à virus Ebola, la fréquence des épidémies, pour des raisons inexpliquées, augmente ; deuxièmement, le virus Ebola constitue une menace bioterroriste.
Trois injections en deux mois
L'essai qui a commencé va porter sur 27 volontaires âgés de 18 à 44 ans ; 6 recevront un placebo et 21 le candidat vaccin à ADN (VRC-EBODNA012-00-VP). Les participants recevront trois injections en deux mois et seront suivis pendant un an. S'agissant d'une phase I, cet essai est destiné à évaluer la sécurité de la préparation vaccinale. Cela dit, les volontaires auront des prélèvements sanguins destinés à rechercher une réponse immunitaire.
Considérant que cette vaccination ADN constitue une primovaccination, les chercheurs estiment qu'elle devrait être complétée par un « rappel » à l'aide d'un adénovirus recombinant exprimant des protéines du virus Ebola. Si ce premier essai se déroule comme prévu, l'équipe du VRC envisage de tester en 2005 chez l'homme la stratégie de la primo-vaccination suivie du rappel (dite prime-).
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