Le Temps de la médecine
Les réalisateurs de films d'horreur, dits « gore », n'auraient pas inventé mieux. Dans le tableau complet, le plus grave, de la fièvre hémorragique à virus Ebola, outre la fièvre : le revêtement cutané se couvre de maculo-papules, la peau fragilisée se rompt spontanément et saigne ; elle pourrait être déchirée d'une simple pression ; la langue, devenue rouge vif, pèle et, parfois, s'arrache au cours d'efforts de vomissements ; testicules ou grandes lèvres oedématiés se colorent en bleu ; le sujet contaminé, au stade terminal, est en proie à des convulsions épileptoïdes ; le cur devenu mou comme une éponge ne contient plus le sang : les globes oculaires s'emplissent de sang ; le cerveau se ramollit ; le foie augmente de volume avant de se rompre ; la rate n'est plus qu'un énorme caillot de sang, etc.
L'attaque du virus Ebola est ubiquitaire, tout le tissu conjonctif est atteint, expliquant cette symptomatologie. S'y ajoute une coagulation vasculaire disséminée. Elle consomme tous les facteurs de la coagulation, entraînant les hémorragies digestives hautes et basses, buccales, vaginales.
Ebola Zaïre, la plus mortelle
L'un des virus les plus pathogènes connus (de 50 à 90 % de mortalité) a été découvert près de la rivière Ebola, au Zaïre, en 1976. Cinq souches ont été identifiées depuis ; la première, dite Ebola Zaïre, reste la plus mortelle. Il est très probable que l'infection ait été transmise à l'homme par contact avec un singe lui-même infecté.
La contagiosité interhumaine est parfaitement décrite. Elle se fait par contact direct avec tous les fluides du sujet atteint (sang, urines, fèces, sperme, salive, postillons... et peut-être la sueur). Heureusement, le filovirus ne se propage pas par voie aérienne, contrairement à son cousin, Ebola Reston, qui touche le singe. L'hypothèse d'une mutation du virus le rendant aéroporté représente une source d'inquiétude pour les scientifiques. Elle est heureusement fort peu probable.
La virulence d'Ebola en fait sa faiblesse. Les sujets atteints vivent en Afrique, dans de petits villages, éloignés des moyens de transport. Comme, dans les formes graves, l'infection est mortelle en six à dix jours, les malades n'ont guère le temps de se déplacer. En outre, les épidémies ont pu être contenues jusqu'à présent par des mesures de mise en quarantaine des villages (ce qui, de plus, fait partie des coutumes), l'interdiction d'aller à l'hôpital, la suspension des soins aux malades et des rites funéraires. Le foyer épidémique s'éteint faute de nouveaux hôtes à contaminer.
Dans les formes moins sévères, les sujets atteints survivent au prix d'une asthénie profonde, d'arthralgies résistantes et d'une persistance du virus dans le sperme quelque temps encore après son élimination sanguine.
Davantage d'informations sur les sites www.virus-ebola.com et www.pasteur.fr
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