C E n'est pas la première fois que l'Académie de l'Eau (association créée en 1993 par le ministère de l'Environnement à la demande des agences de l'eau) et La Croix-Rouge française, auxquelles s'est ajouté le Croissant Rouge, travaillent sur les questions de santé liées à l'eau. En février 2000, ils avaient déjà adopté, sur ce thème, une charte intitulée « Eau, santé environnement ».
Séduite par l'esprit de la charte, la Commission de Bruxelles souhaite aujourd'hui que ce texte, dans une version grand public, serve à lancer, dans tous les pays de l'Union et dans les pays associés (dont 30 pays en voie de développement), une vaste campagne de sensibilisation. « Nous devons essayer de faire prendre conscience aux usagers de l'importance de l'eau pour la santé à travers des recommandations de bonne pratique », explique le Pr Jean Dausset, président de l'Académie de l'eau. « Les problèmes de santé liés à l'eau ne sont que récemment pris en compte, témoigne-t-il. Lorsque j'ai assisté à la première réunion de l'Académie, on parlait de prix de l'eau, de tuyaux, mais pas un mot sur la santé. Il faut rappeler ce que disait Pasteur : "Nous buvons 90 % de nos maladies". »
L'Académie de l'Eau et La Croix-Rouge proposent donc des recommandations censées influencer le comportement des citoyens. Les organisations demandent tout d'abord aux pouvoirs publics de prévoir les moyens financiers nécessaires pour développer partout une formation à l'eau, la santé et à l'hygiène. Ensuite, parmi les publics à éduquer, une attention particulière est dirigée vers « ceux dont il est prouvé qu'ils apporteront une meilleure écoute », à savoir les femmes et les enfants « qui font passer les messages à leurs parents ». Il s'agit également d'adapter cette formation à chacun des publics, en tenant compte de ses habitudes et de sa culture. Les organisations insistent par ailleurs sur la nécessité de s'appuyer, dans cette campagne, sur les « meilleurs vecteurs locaux », comme les médecins, les hydrologues, les bénévoles de La Croix-Rouge, les instituteurs, et leur apporter une formation spécifique. L'appui des médias est également escompté.
Pour René Seux, directeur du laboratoire Environnement et santé de l'Ecole nationale de la Santé publique de Rennes, la mobilisation des citoyens, dans les pays développés notamment, doit passer par une bonne utilisation de l'eau. « Lors d'une étude récente faite par le laboratoire sur l'utilisation de puits privés en Ille-et-Vilaine, précise-t-il, on a pu constater que les gens utilisaient ces puits pour leur consommation personnelle, tout en restant raccordé à un réseau public. Ces personnes indiquaient deux raisons : d'une part, ils voulaient éviter d'avoir à payer une facture d'eau trop élevée et, d'autre part, ils voulaient bénéficier d'une eau de qualité parfaitement saine alors que la presse faisait état de beaucoup de problèmes sur les eaux publiques. » Or, les analyses faites montraient que dans plus de 90 % des cas, l'eau des puits analysés n'était pas potable.
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