Che va piano, va sano e va lontano
Dans le domaine des soins, les nouvelles technologies ont déjà modifié les pratiques. Entre professionnels de santé, la numérisation des échanges et le développement des systèmes d’information partagés de santé contribuent à une meilleure prise en charge des patients. L’essor de la télémédecine développe la collaboration et l’expertise à distance. Entre professionnels et patients, le développement de sites grand public, des sites communautaires, des outils connectés développent l’autonomie du citoyen dans la gestion de sa santé et de son bien-être, redéfinissant ainsi sa relation avec le corps médical. Le développement de la télémédecine permet d’établir des relations à distance et non plus au contact avec les professionnels de santé. Avec ces avancées numériques partagées, émerge une vision intégrée de l’offre de soins. Les acteurs sanitaires et médico-sociaux se retrouvent dans des liens plus étroits grâce aux capacités d’échanges d’ information et de suivi à distance des patients rendues possibles.
Care plutôt que cure, la révolution du paradigme français
L’offre de soins totalement intégrée réunissant spécialistes des établissements de santé, professionnels libéraux, et acteurs du secteur social est en marche. Les technologies offrent des capacités nouvelles dans les politiques de prévention et de détection précoce avec des contrôles distants de constantes biologiques (Objets connectés) et dans le self-management du patient (Serious games et Mooc). Dans l’évolution du système de santé orientée vers un parcours de vie coordonné et personnalisé autour de la personne, les nouvelles technologies vont contribuer à distribuer la connaissance au sein de ce nouveau système, notamment avec l’accès à l’information médicale par le patient comme par le citoyen. Mais également à optimiser la logistique de prise en charge du patient (regroupement de déplacements et d’examens, limitation des doublons et des incohérences, fiabilisation des rendez-vous médicaux). Et, enfin, développer la mobilité avec les applications de santé ad hoc permettant à l’individu de capter, d’envoyer et même de traiter des informations relatives à son état de santé en temps réel. Mais, ne nous trompons pas, les technologies doivent demeurer au service des usages et des acteurs de santé. Elles ne combleront jamais les déficits organisationnels et les insuffisances dans la conduite du changement des grands programmes nationaux.
Gouverner c’est prévoir
Les nouveaux métiers induits par les nouvelles organisations de prise en charge et de suivi sont-ils bien identifiés et accompagnés ? Les processus métier et les usages sont-ils correctement appréhendés ? Les acteurs de santé sont-ils formés pour utiliser la quintessence des technologies ? Les évolutions de notre système de santé et l’apport de la dématérialisation doivent s’accompagner d’une gestion anticipative et préventive des ressources humaines visant à détecter et à résoudre en amont des questions de l’évolution des métiers, des emplois et des compétences en fonction des contraintes de l’environnement du secteur d’activité. La gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) est donc un volet indispensable d’évolution de métiers de la santé et sans conteste possible source d’emplois. La GPEC doit s’inscrire dans le processus global de la conduite du changement.
Prévoir, c’est savoir
Quatre sujets sont à traiter, la cartographie des professions et des métiers médicaux et paramédicaux, le référentiel des compétences par activité ; l’outil de pilotage de la gestion des compétences ; l’évaluation et la gestion des carrières et le bilan de compétence ; la formation des professionnels de santé. Force est de constater que la GPEC est absente des axes stratégiques de développement des grands programmes de santé. Seules quelques régions, sur des initiatives appuyées par les ARS et des fédérations hospitalières, ont lancé une démarche stratégique et opérationnelle autour de la compétence pour répondre aux bouleversements induits par la restructuration de l’offre de soins et les progrès des techniques médicales. On peut ajouter à l’aphorisme d’Émile de Girardin que si gouverner c’est prévoir, prévoir c’est savoir et qu’une cartographie des besoins et des événements obtenue en croisant les données disponibles bénéficierait aux patients et aux ressources publiques par l’optimisation de l’action publique. Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu’il ne nous prenne par la gorge (Winston Churchill).
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