Les dystrophies musculaires congénitales regroupent un ensemble d'affections dégénératives progressives des muscles striés. Les formes sévères peuvent conduire au décès dès la petite enfance. Un certain nombre de ces maladies héréditaires sont liées à une mutation du gène LAMA2 (de la laminine), qui code la chaîne alpha 2 des principales isoformes de laminine exprimées par les fibres musculaires (la chaîne alpha 2 est la plus fréquemment représentée au niveau des muscles et nerfs périphériques).
On suppose que la détérioration des fibres musculaires est en rapport avec un défaut de formation de la construction primaire à base de laminine (cet échafaudage est indispensable à la construction de la membrane basale), ainsi qu'avec un manque d'interaction entre la membrane basale et le complexe dystrophine-glycoprotéine.
On a trouvé des mutations situées sur la chaîne alpha 2 en rapport avec une forme sévère de dystrophie musculaire héréditaire, nommée MCMD pour « Merosin Deficient Congenital Muscular Dystrophy ». Les signes caractéristiques de la MCMD sont : une perte partielle ou totale de membrane basale structurée, une nécrose musculaire progressive (avec élévation du taux sanguin de créatine kinase) et une démyélinisation des nerfs périphériques.
Une augmentation de la laminine 8
Le déficit en laminine alpha 2 s'accompagne d'une augmentation de la laminine 8, importante également pour la polymérisation de la laminine.
Joachim Moll et coll. (Bâle, Suisse) ont postulé que l'on pouvait compenser les défauts à l'origine de la MCMD en introduisant un composant intracellulaire liant la laminine 8 à la surface de la cellule musculaire. Ils ont cherché du côté d'une molécule miniaturisée d'agrine, protéine connue pour son rôle dans la formation de la jonction neuromusculaire. L'expression de l'agrine est utile au maintien des sites de liaison de la laminine. Les chercheurs se sont également penchés sur l'alpha-dystroglycane, dans le but de compenser la perte de la laminine alpha 2.
Moll et coll. ont tenté, sur un modèle murin de dystrophie musculaire, de restaurer la fonction musculaire déficiente à partir de ces données. A cet effet, ils ont mis au point un minigène d'agrine et l'ont fait exprimer sur le modèle animal.
Ils trouvent que cela permet une restauration de l'alpha-dystroglycane à des taux pratiquement équivalents à ceux trouvés chez les animaux sauvages. « Nous sommes parvenus à montrer que ce minigène d'agrine, qui se lie à la membrane basale et à l'alpha-dystroglycane, restaure la fonction musculaire par un mécanisme passant par une stabilisation de l'ensemble des molécules structurant la membrane basale. »
« Nature », vol. 413, 20 septembre 2001, pp.302-306.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature