« Une dysphagie sévère est présente chez plus de 50 % des parkinsoniens », rappellent Domenico Restivo et coll. « Bien que toutes les phases de la déglutition puissent être impliquées, la principale anomalie est la dysphagie due à une hyperactivité du sphincter oesophagien supérieur. »
Cette dysphagie ne répond pas au traitement dopaminergique. La myotomie chirurgicale du muscle cricopharyngé est le traitement de choix de l'hyperactivité du sphincter oesophagien supérieur due à des troubles neurologiques, y compris la maladie de Parkinson. Toutefois, cette intervention nécessite une anesthésie générale et n'est pas toujours efficace.
La toxine botulique ayant déjà été utilisée pour traiter la dysphagie (1), des Italiens ont eu l'idée d'évaluer son efficacité chez 4 patients parkinsoniens ayant, depuis en moyenne 5,9 ans, une dysphagie, d'abord pour les solides puis pour les liquides, les confinant à une alimentation semi-liquide.
Hyperactivité du sphincter oesophagien supérieur
Chez ces patients, des études en vidéofluoroscopie ont montré une réduction de la clairance pharyngée et une ouverture cricopharyngée incomplète. Des études électromyographiques ont confirmé l'hyperactivité du sphincter oesophagien supérieur.
En réalité, c'est afin d'évaluer l'éventuelle efficacité d'une myotomie chez ces patients que les Italiens ont décidé de traiter le muscle cricopharyngé avec la neurotoxine botulique de type A. Par voie percutanée, ils ont injecté dans chacun des deux muscles cricopharyngés 30 unités de cette toxine (Dysport), cela sous contrôle électromyographique. Quarante-huit heures plus tard, tous les patients avaient une remarquable amélioration de leur déglutition. Un bilan clinique, électromyographique et vidéofluoroscopique a été réalisé 8, 16, 20 et 22 semaines après les injections.
Prise de poids de 5 à 8 kg
A 8 semaines, tous les patients étaient capables de déglutir. La vidéofluoroscopie et l'EMG ont montré une coordination entre le muscle cricopharyngé et le muscle constricteur inférieur de l'sophage, ainsi qu'une notable réduction de l'hyperactivité cricopharyngée.
L'amélioration persistait aux semaines 16 et 20 chez les 4 patients, mais a disparu chez 3 d'entre eux à la semaine 22. Enfin, les patients ont pris entre 5 et 8 kg.
« Etant donné sa sécurité et son efficacité, nous proposons que le traitement par la toxine botulique de type A puisse être, avec succès, une alternative aux procédures invasives ou un outil pour identifier les patients qui pourraient bénéficier d'une myotomie chirurgicale », concluent les auteurs.
« New England Journal of Medicine » du 11 avril 2002, pp. 1174-1175.
(1) Schneider et coll., « Ann Otol Rhinol Laryngol », 1994 ; 103 : 31, 35, et Restivo et coll., « Gastroenterology », 2000 ; 119 : 1416.
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