DE NOTRE CORRESPONDANTE
LA PROTÉINE MECP2 (methyl-CpG binding protein 2) régule l’expression des gènes en se fixant à l’ADN et influence ainsi de façon cruciale la fonction neurale et cérébrale. Ainsi, une mutation perte de fonction du gène MECP2, entraînant la perte de la protéine, est responsable du syndrome de Rett, un trouble sévère du développement neurologique chez les filles.
La duplication du gène MECP2, majorant les taux de la protéine, a été liée en 2005 à un rare syndrome affectant principalement les garçons. Ce syndrome de duplication MECP2 est caractérisé par un hypertélorisme (écartement exagéré des yeux), une détérioration précoce et progressive du système nerveux central (hypotonie infantile, retard mental sévère, développement du langage pauvre ou absent, épilepsie et spasticité progressive), des infections respiratoires récurrentes et une mort précoce. Une question se posait : les infections respiratoires récurrentes résultent-elles du déficit neurologique moteur des voies respiratoires ou d’un déficit immunitaire primaire ?
Une équipe du Baylor College of Medicine (BCM, Houston) a maintenant démontré que ces enfants (27 étudiés) présentent des anomalies immunologiques variables, notamment des réductions dans les lymphocytes T et B mémoire et les cellules NK.
Mauvaise réponse Th1.
Leur étude sur des souris transgéniques surexprimant le gène MECP2 humain confirme le trouble immunitaire. Tandis que ces souris sont incapables de développer une réponse Th1 suffisante pour contrôler une infection par le parasite intracellulaire Leishmania major, elles peuvent combattre une infection fongique respiratoire, ce qui dépend de la réponse Th2.
Les cellules immunes des enfants affectés du syndrome de duplication MECP2 présentent de même des anomalies de la réponse Th1 avec baisse de production de l’interféron gamma (IFN-gamma).
Les données suggèrent que l’excès de protéine MECP2 bloque la production d’IFN-gamma par les cellules Th1, en interférant avec une protéine appelée T-bet et supprimant sa capacité à activer le gène IFN-gamma. Ceci aboutit éventuellement à un immunodéficit partiel.
« Nos résultats établissent une base rationnelle pour identifier, traiter et prévenir les complications infectieuses affectant les enfants ayant une duplication MECP2 », concluent les chercheurs. On peut se demander si l’administration d’IFN-gamma peut aider à prévenir les complications infectieuses chez ces enfants.
Ce travail soulève aussi la possibilité que des altérations dans les voies immunes ou inflammatoires puissent contribuer à la détérioration progressive de la fonction neurologique.
Yang et coll., Science Translational Medicine, 5 décembre 2012.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature