ON A PU VOIR à quelques jours d’écart deux distributions parmi les huit proposées. L’étoile du Bolchoï Svetlana Zakharova, artiste invitée pour deux représentations au moment des fêtes de fin d’année, à qui l’Opéra offrait son meilleur Prince Siegfried du moment, le danseur étoile Nicolas Le Riche.
Si ce dernier possède toujours la plus belle assurance et la pleine possession technique du rôle, quelque chose semble se faner en lui dans le charme de l’interprétation. A moins que ce ne soit le reflet de la froideur dégagée par l’Ukrainienne Zhakarova qui, si elle a probablement les plus beaux bras du monde – un ensorcellement de chaque seconde –, l’aplomb, l’équilibre et la technique les plus irréfutables pour faire paraître aérienne son Odile comme son Odette, on ne peut s’empêcher de la juger à distance de l’émotion requise tout comme l’était la magnifique Ouliana Lopaktina lors de la visite du théâtre Mariinski au Châtelet il y a deux mois. De plus, en ce soir du 27 décembre, l’Orchestre de l’Opéra de Paris pourtant dirigé par l’Estonien Vello Pähn, spécialiste de ce répertoire, semblait digérer encore quelque bûche…
En ce tout début d’année, place aux jeunes et aux prises de rôle, celle d’une des plus jeunes étoiles de la compagnie. Nous avons pu voir débuter en Siegfried le jeune Mathieu Ganio qui a, à son actif depuis sa nomination en 2004, jugée par certains trop précoce, les rôles de Basilio de « Don Quichotte » et James de « la Sylphide ». Passer à Siegfried est une autre affaire et avec pour seule expression celle, blasée, qui sied à ce prince dans la version Noureev, au début du moins, il n’a pas vraiment réussi à créer un personnage, d’autant qu’une technique impeccable ne suffit pas là où il faut de l’assurance.
Son Odile/Odette était Aurélie Dupont qui y a débuté récemment mais a déjà l’assurance, la pénétration, la sûreté technique d’un rôle dont on ne doute pas qu’elle continuera de l’approfondir pour en atteindre toutes les possibilités expressives. Pas beaucoup de relief non plus de la part de Stéphane Bullion, un sujet un peu jeune pour capter toute l’ambiguïté de ce rôle inventé par Noureev à partir de ceux de Wolfgang et Rothbart.
Si l’orchestre semblait remis des réveillons, on ne peut s’empêcher de penser, en entendant les cuivres jouer à bride abattue, que le chef estonien paraît céder à la routine des fins de longues séries, lui que l’on a entendu autrement plus passionnant dans ces partitions foisonnantes de Tchaïkovski.
Opéra de Paris : 0892.89.90.90 et www.operadeparis.fr. Prochain spectacle chorégraphique : William Forsythe (« Approximate Sonata », « Herman Scherman » et « Artefact Suite ») du 6 au 16 février.
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