«JE CROIS à l’hôpital de proximité car il correspond à de nouveaux besoins.» Les propos du ministre de la Santé, Xavier Bertrand, ont reçu un large écho dans les murs de l’Assemblée nationale mercredi matin, à l’occasion d’un colloque organisé par le Conseil national de la chirurgie (CNC) sur le thème des restructurations des petits hôpitaux. «La situation des blocs opératoires doit être surveillée avec un seul impératif: la sécurité et la qualité des soins.» Là aussi, tout le monde a approuvé. «Le seuil de 2000interventions par an (qui détermine le maintien ou non d’un établissement dit de proximité) est purement indicatif», a précisé le ministre. «Je crois au sur-mesure, pas aux ratios intangibles. Tout doit être pesé, examiné. Rien ne doit être systématique, ni la fermeture d’un hôpital qui ne réaliserait que 1990interventions par an, ni le maintien de celui qui en ferait 2002», a insisté le ministre, qui assure vouloir s’engager sur «une méthode de travail différente de celle utilisée jusqu’alors».
Des engagements qui devraient réjouir Martin Malvy. Le président de l’Association des maires des petites villes de France fustige en effet cette «manie des normes». «On ne peut pas considérer le territoire national comme s’il était uniforme», insistait-il dans nos colonnes (« le Quotidien » du 18 janvier).
Regrouper, réorganiser, remotiver.
La FHF (Fédération hospitalière de France), représentée par David Causse, son délégué général adjoint, a exposé elle aussi une vision pragmatique. «Il faut être jacobin dans les principes et girondin dans les applications.» David Causse a résumé en trois R la restructuration. Regrouper : le ministre l’a dit lui-même, restructurer n’est pas fermer. Réorganiser : le Pr Guy Vallancien, secrétaire général du CNC et chargé d’une mission d’évaluation par le ministre de la Santé, promet un grand avenir aux petits établissements transformés : diagnostic de qualité («Il faut des scanners partout»), accueil d’urgence conservé («pour les plaies au menton»), prise en charge des infarctus, des maladies chroniques (cancer, asthme, diabète), prévention et éducation sanitaire. Remotiver : le Dr François Aubart, président de la CMH (Coordination médicale hospitalière), a appuyé une nouvelle fois l’une de ses grandes revendications, la part complémentaire variable de rémunération (PCV), qui récompenserait les équipes pour la qualité des soins. «La répartition public-privé est tout à fait préjudiciable», a-t-il ajouté. Le secteur privé est en effet de plus en plus prioritaire sur la chirurgie ambulatoire [81 % réalisés dans le secteur privé, 10 % dans le public et 9 % en Psph (établissements publics et privés à but non lucratifs], a énuméré Joël Bouffiès, directeur du CH sud-francilien Evry-Corbeil.
Problème de perception.
A l’écoute de toutes ces déclarations, un certain consensus semble se dégager, du moins quant aux intentions. «Le débat est politique, au sens noble du terme, mais pas partisan», a souligné Jean Castex, directeur de l’Hospitalisation et de l’Organisation des soins. Il est vrai toutefois que la majorité de l’auditoire réuni mercredi semblait déjà conquise. Alain Fauconnier, cependant, maire PS de Saint-Affrique, autoproclamé «vilain petit canard du colloque», a voulu insister sur la spécificité de son territoire aveyronnais. Le service de chirurgie de son hôpital avait été fermé tout d’abord, puis rouvert sous la pression de la population. «Il faut quatre heures pour aller du nord au sud et la maternité fonctionne avec 95% des femmes du secteur susceptibles d’accoucher.» Outre les disparités territoriales, le débat sur la restructuration n’aurait-il pas souffert d’idées reçues ? «La perception de la qualité des soins diverge entre les professionnels et une partie de la population et des élus», témoignait Annie Podeur, directrice de l’ARH de Bretagne. «Pour certains, la prise en charge est humaine quand elle est de proximité. Mais aujourd’hui, les uns et les autres conviennent néanmoins d’une graduation des soins. Tout ne peut pas se faire partout.» David Causse a mis en cause le «déficit d’images» dont souffrent certaines spécialités. «On propose à des équipes de quitter des activités prestigieuses pour d’autres qui le sont beaucoup moins. Il faut changer l’image de la gériatrie, par exemple.» Le maintien des salaires est lui aussi essentiel. Le ministre l’a assuré, les ARH ont reçu la consigne du «cas par cas». Les Sros 3, prévus pour mars, seront probablement l’une des «opportunités politiques» citées par Jean Castex.
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