JUSQU'AU MILIEU des années 1990, explique le Dr Joseph Hinnebush (Rocky Mountain Laboratories - RML - du National Institute of Health - NIH), il existait un vaccin contre la peste, mais il n'est plus fabriqué en raison d'une efficacité de courte durée et d'effets secondaires. Il était donc nécessaire d'en mettre au point un autre. Ce qui fut fait : une équipe du Usamriid (US Army Medical Research Institute of Infectious Diseases) a mis au point un vaccin recombinant. Ce vaccin, appelé F1-V, a déjà été testé chez des souris, des furets à pattes noires et des singes : ces animaux ont été protégés contre des injections de bacille pesteux de laboratoire. Le vaccin s'est également montré efficace chez des souris et des singes contre la peste inhalée.
Une question s'est posée : la protection observée serait-elle la même dans des conditions « naturelles », à savoir l'inoculation : 1) de bacilles virulents ; 2) par des morsures de puces ? Pour y répondre, les équipes du RML et du Usamriid ont conduit une nouvelle étude, qui sera publiée en avril dans « Infection and Immunity ».
Les chercheurs ont, dans un premier temps, laissé des puces se nourrir sur du sang contenant des souches virulentes de Yersinia pestis. Ensuite, les souris sont allées se nourrir sur des souris : 15 qui avaient été vaccinées à l'aide du vaccin expérimental F1-V, contenant un adjuvant, et, à titre comparatif, 15 n'ayant reçu que l'adjuvant.
Résultat : les 15 souris vaccinées sont restées en bonne santé, bien que les puces aient pris plusieurs repas sur leur peau. En revanche, 14 des 15 souris n'ayant reçu que l'adjuvant ont fait une peste.
« Ce travail montre que le vaccin marche en conditions réelles », note le Dr Hinnebush. Malgré le succès des essais précédents avec des souches de laboratoire injectées à l'aide d'une seringue et d'une aiguille, il n'était pas dit que le vaccin marcherait dans des conditions réelles, explique-t-il. Dans la transmission par les puces, les bactéries existent sous une forme spéciale et sont déposées avec la salive des puces dans la peau de l'animal d'une façon que l'on ne peut pas reproduire artificiellement.
Les chercheurs vont utiliser ce modèle pour tester d'autres vaccins antipesteux en développement. Ils vont également essayer de comprendre comment la bactérie diffuse dans l'hôte après avoir été transmise par une puce ; avec l'espoir de découvrir de nouveaux traitements pour contrecarrer la dissémination de la peste chez une personne infectée.
Pour tester un vaccin contre la peste
Du sang, des puces et des souris
Publié le 28/03/2004
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 7508
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