ET SI LES MAUVAIS RÉSULTATS des greffes de sang de cordon chez les adultes n'étaient dus qu'à un problème de voie d'administration ? Un travail publié dans le « Lancet » tend à prouver que de bons résultats cliniques peuvent être obtenus si ce sang est injecté directement par voie intraosseuse. Actuellement, près de 20 % des adultes qui reçoivent un tel traitement par des greffons HLA peu concordants présentent des résultats hématologiques insuffisants. Parmi les hypothèses qui pourraient expliquer ce résultat, celle d'une migration limitée des cellules souches vers les sites hématopoïétiques est la plus couramment admise. Outre leur faible nombre, seules de 10 à 15 % des cellules atteindraient par la circulation sanguine les zones où elles sont à même de se multiplier et de se différer.
Une équipe d'hématologues italiens (Dr Francesco Frassoni et coll.) a mis en place un travail d'évaluation d'une nouvelle voie d'administration des cellules de sang de cordon chez 32 adultes atteints de leucémie aiguë lymphoïde (12) ou myéloïde (20) : 8 en première remission complète, 10 en deuxième rémission et 14 atteints de maladie réfractaire. Pour 9 d'entre eux, la concordance HLA s'établissait à 5/6 ; pour 22 autres patients, elle était de 4/6 ; enfin, pour un seul patient la concordance était de 3/6.
Injection dans la crête iliaque sous AG.
Le sang de cordon a été concentré pour en extraire les cellules qui ont été injectées, après anesthésie générale, au niveau de la crête iliaque. En moyenne 2,6 x 107 cellules ont été introduites. Les auteurs n'ont signalé aucune complication au cours de l'injection osseuse des cellules.
Quatre patients atteints de formes graves sont décédés dans les douze jours suivant la transplantation. Pour les 28 patients restants, le délai moyen avant de retrouver un nombre de neutrophiles dans des valeurs acceptables s'est établi à 23 jours. Pour les plaquettes, ce délai a été de 36 jours. Un mois après la transplantation, des signes de chimérisme ont été détectés dans l'ensemble de la population des patients suggérant que les cellules transplantées s'étaient multipliées de façon efficace. Aucun des patients n'a présenté de réaction du greffon contre l'hôte de grade II ou IV.
Données préliminaires.
Au total, après un suivi de treize mois, 16 patients sont décédés : 5 de réaction de rejet, 7 d'infection, et 4 de rechute de leur maladie hématologique. Pour les auteurs, «ces données préliminaires suggèrent que l'utilisation de la voie intra-osseuse permet de limiter les échecs de la transplantation de cellules de sang de cordon, y compris lorsqu'il existe une mauvaise concordance HLA. Le nombre des transplantations de ce type chez des adultes pourrait donc augmenter rapidement».
« The Lancet Oncology » en ligne.
LAL et trisomie 21 : le rôle de JAK2
Une équipe israélienne a mis en évidence une mutation du gène JAK2 associée à la leucémie aiguë lymphoblastique chez les enfants atteints de trisomie 21. Au cours de leur vie, ces enfants ont un risque multiplié par vingt par rapport aux témoins de développer soit une leucémie lymphoblastique aiguë, soit une leucémie aiguë mégacaryoblastique. Parce que de nombreux syndromes myéloprolifératifs s'accompagnent d'une mutation sur le gène JAK2 qui code pour une kinase essentielle au développement des lymphocytes B, l'équipe du Dr Dani Bercovich a analysé le génome de 88 enfants trisomiques atteints de leucémie aiguë. Au total, sur l'ensemble des enfants, 18 % étaient porteurs d'une mutation affectant le résidu arginine en position 683. Pour les auteurs, «ces mutations qui ne sont pas héréditaires pourraient être acquises rapidement au cours de la vie, ce qui expliquerait l'âge plus précoce de survenue de la maladie (4,5 contre 8,6 ans) . Les enfants atteints devaient désormais être inclus dans les protocoles d'essais cliniques évaluant la nouvelle classe thérapeutique des inhibiteurs de JAK2».
« The Lancet Oncology » en ligne.
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