C'est à peu de choses près ce qu'on entend dire après la longue grève des pilotes d’Air France et à la suite de celle des professions réglementées dont en particulier, la médecine. Certes, il s’agit les unes comme les autres de classes sociales dites aisées mais, sans être de parti-pris, il faut y voir de grandes et nombreuses différences. Les pilotes ont communiqué sur le danger de voir leur direction promouvoir la déconcentration et le développement de la filiale « low cost » à l’étranger, avec tout ce qui en découle en termes de localisations d’aéroport plate-forme de correspondances, de modifications de carrières, d’abandon d’avantages acquis sur les durées de travail, de menaces pesant sur les rémunérations.
Leur exigence était, pour assurer leur position, de soumettre tous les pilotes d’Air France et de ses filiales aux mêmes conditions professionnelles exceptionnelles qu’eux-mêmes.
On a parlé de grève limitée à l’« aristocratie des pilotes ». D’ailleurs, nous n’avons pas vu les pilotes de Transavia s’associer au mouvement.
Les revendications en cause sont donc catégorielles. Le risque étant, pour les mieux pourvus, d’altérer leurs conditions de travail et de perdre un certain surclassement social qui ne se retrouve dans aucune autre compagnie d’aviation.
Un seul jour de grève chez les médecins
Les médecins, de leur côté, ont cessé de travailler seulement un seul jour pour s’opposer à une « déréglementation » qui aboutirait non pas à un désagrément personnel mais à une atteinte de la qualité et de l’accès aux soins donnés aux patients.
Facile, me direz-vous et d’un argument tantinet hypocrite sinon lâche.
Scénario catastrophe en cas de relèvement du numerus clausus
Voyons :
- Si on déréglemente, on ouvre le nombre de médecins. Parfait ! On comble ainsi le déficit dont on nous rebat les oreilles. Oui, mais on ne contrôle plus et dans dix ans on sera passé du désert à la pléthore. Sans compter qu’actuellement nous ne souffrons pas tellement d’un manque de médecins mais d’une mauvaise répartition sur le territoire. Augmenter le nombre de praticiens changera peu les déficits locaux.
Il faut aussi considérer la surcharge des lieux de formation qui ne pourront plus offrir à chacun les mêmes possibilités d’apprentissage. Il y va de la compétence des médecins. Nos structures hospitalo-universitaires ont atteint la limite extrême du nombre d’étudiants se destinant à la médecine qu’elles peuvent recevoir.
L’indépendance des médecins menacée
- Si on dérèglemente, voilà que les capitaux non médicaux vont investir les sociétés d’exercice libéral (SEL), statut devenu pour de nombreuses spécialités presque obligatoire. Il y a fort à craindre que, dès lors, l’indépendance du médecin, de fait exécutant, soit mise à mal. Libre choix des médecins correspondants ? Libre choix des prescriptions ? Libre choix de donner ses soins sans aucune discrimination ?....
- Si on dérèglemente, on donne à d’autres professions le droit de faire tout ou partie du métier de médecin. Qui aura prodigué les formations et les connaissances ? Faut-il dénier la qualité au profit des coûts ?
La profession voit, dès à présent, les axes de ces transformations commencer à se mettre en place. Il est normal qu'elle s’inquiète et qu’elle alerte.
Et alors, dans tout cela quels avantages pour les médecins ? Quels nouveaux profits pour les praticiens ? Quelle demande de revalorisation de la lettre-clé ?
En l’occurrence, le sujet n’est pas syndical, mais bien déontologique, car qui pâtira des dispositions gouvernementales qu’on nous promet ?
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