Je vais en visite chez une patiente de 85 ans. Je constate en remplissant son chèque de 32 euros pour payer ma visite qu’elle a payé 78,40 euros à la coiffeuse chez laquelle elle est allée et 35 euros à la pédicure qui est venue chez elle. Mais mon tarif à moi, ce n’est pas 32 euros; c’est un euro que coûte ma visite à la patiente puisqu’elle est remboursée 31 euros. Comment puis-je espérer me faire respecter puisque la patiente paie la coiffeuse 78 fois plus cher que moi ! Qui a envie d’exercer ce métier où les patients n’ont pas de respect pour vous par rapport au service rendu ? En apparence, ils ont du respect mais, en réalité, ils n’en ont pas tant que ça car j’entends souvent la phrase: « Ne venez pas demain en visite demain car je serai chez la coiffeuse». En effet, ils peuvent aller chez la coiffeuse mais ils ne peuvent pas se déplacer chez le médecin généraliste. Combien de fois, cela m’est arrivé ! Le généraliste est devenu un domestique sous-payé, quasi gratuit, que l’on peut se permettre d’insulter sans en avoir l’air ou sans en avoir conscience. […]
Si l’on veut résorber le déficit de la Sécu, il faut calmer les patients qui s’excitent et ils sont nombreux. Il faut passer à deux euros non remboursés par consultation au lieu d’un euro, et augmenter jusquà ce que le déficit soit résorbé. C’est aux utilisateurs à payer le service qu’on leur offre et qui est très peu cher actuellement, quoi qu’on en dise...
Le système est malade de l’idée que tout ce qui touche à la maladie doit être remboursé. Les patients boivent, fument et mangent trop gras; ils refusent de faire du sport et, ensuite, ils viennent se faire remettre à neuf en 20 minutes chez le généraliste pour un euro à charge. C’est délirant. C’est du faux socialisme. Ce que les patients veulent, c’est que le système (équipe médicale + Sécurité sociale) fasse des efforts à leur place. C’est l’impasse assurée. Il faut arrêter de dorloter les patients. […]
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