Peut-on imaginer deux lieux aussi extrê- mement opposés que les arènes de Vérone et le Royal Opera de Londres pour représenter « Otello » de Verdi ? Deux DVD se font le reflet de deux représentations de cet opéra avec, comme dénominateur commun, la soprano néo-zélandaise Kiri Te Kanawa, une des Desdémone les plus recherchées des années 1980.
« OTELLO », l’avant-dernier opéra de Verdi d’après la tragédie de Shakespeare, est avec « la Traviata » le plus gâté par le DVD. En 1982, les arènes de Vérone le mettaient au programme de leur festival d’été, l’une des manifestations lyriques les plus populaires d’Europe avec les Chorégies d’Orange.
S’il faut trouver une justification à la conservation de cette soirée, c’est bien la performance de Kiri Te Kanawa, alors au sommet de sa gloire, dans une forme vocale éblouissante et jouant une Desdemona fragile à souhait, rayonnante de beauté et – osons le mot – sublime dans ses deux airs du IVe acte. Face à elle, l’Otello de Vladimir Atlantov, ténor souvent brut de décoffrage, n’a aucun charme vocal, un style douteux et des moyens forcés. Le Iago de Piero Cappuccilli est un peu forcé dans son jeu et aussi vocalement dans son Credo. La mise en scène de Gianfranco De Bassio est une mise en place sans direction d’acteurs et les costumes, faits pour être vus de loin, n’ont aucun charme. Qualité de son et image achèvent de disqualifier un film qui, on le répète, ne vaut que pour son exquise Desdemona.
Londres, Covent Garden, en 1987, quelques années ont passé sur la voix et les traits de la belle Kiri qui, de plus, n’est pas gâtée par un costumier qui lui inflige vêtements et perruques plus appropriés au maniérisme de « Manon Lescaut ». La vieille production de Robert Bryan est d’un traditionalisme alors de règle dans cette maison si bien tenue. Mais comment résister à son rayonnement vocal, toujours réel, surtout face à l’Otello de Plácido Domingo, en grande forme, avec des aigus éclatants, des noirceurs terribles dans la voix et un engagement total dans un rôle qu’il a chanté dans le monde entier ? Le Iago de Serguei Leiferkus est noir à souhait et sir George Solti dirige avec un mélange assez typique et efficace d’énergie et d’intense lyrisme. Une soirée exemplaire avec, en prime, pour qui douterait de l’élitisme du lieu, la présence des princes de Galles, Charles et Diana, dans le box royal.
1 DVD NVC Arts (distribution Warner Music Vision). 1 DVD Pioneer (distribution Loreley).
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