POURQUOI est-il aujourd'hui si important de dépister la Bpco ? « L'impact de cette pathologie en progression sur la morbidité et sur la mortalité a été clairement démontré, tout comme ses répercussions économiques », souligne le Dr Bruno Stach (Valenciennes). En fait, la Bpco remplit parfaitement les conditions édictées par l'OMS pour être dépistée. Comme les chiffres ci-dessous l'indiquent, il s'agit bien d'un problème de santé publique (voir encadré et tableau). On connaît son histoire naturelle - un continuum sur plusieurs décennies qui peut aboutir à l'insuffisance respiratoire, hypoxémique et hypercapnique - et les facteurs associés à son développement - le tabac au premier chef, bien sûr -, si bien qu'il est possible de sélectionner une population à risque envers laquelle vont être concentrés les efforts de dépistage. L'intérêt du dépistage dépend aussi des perspectives thérapeutiques. Or des traitements efficaces sont disponibles et le bénéfice d'une prise en charge précoce de la maladie est bien démontré. En effet, là encore, la Bpco remplit les critères de sélection pour le dépistage, puisque l'arrêt du tabac peut modifier l'histoire naturelle de la maladie. De plus, les exacerbations sont moins fréquentes et moins graves, la réhabilitation est plus efficace si la prise en charge est précoce. Encore faut-il disposer d'un appareil de détection fiable, simple à utiliser et peu coûteux. Le PiKo-6 remplit ces exigences. C'est un petit appareil portable qui, sur une seule expiration forcée, permet de mesurer le rapport du volume expiratoire maximal par seconde sur le volume expiratoire maximal sur six secondes. S'il est supérieur à 0,8, a priori, le patient n'a pas d'obstruction bronchique, s'il est inférieur à 0,7, il a sûrement une obstruction, et le bilan doit être complété par des épreuves fonctionnelles respiratoires réalisées par le pneumologue. Entre 0,7 et 0,8, l'obstruction est probable, mais seules les EFR permettront de la confirmer. Le PiKo-6 est donc bien un appareil de dépistage non invasif, d'utilisation rapide et simple, qui offre la possibilité, au cabinet du généraliste, de détecter des anomalies du souffle dans une population ciblée, essentiellement les fumeurs de plus de 40 ans. La formation des praticiens, et surtout leur mobilisation, est aujourd'hui une des priorités de la communauté pneumologique, chaque spécialiste ayant pour tâche d'informer ses correspondants généralistes.
Les EFR restent « incontournables » pour confirmer le diagnostic de Bpco et en apprécier sa gravité. Le pléthysmographe permet de mesurer l'ensemble des débits et des volumes mobilisables et non mobilisables, ainsi que les résistances des voies aériennes. L'examen est complété par un test de réversibilité avec un bronchodilatateur de courte durée d'action ; si, après le test, le Vems est amélioré de plus de 12 %, il s'agit le plus probablement d'une maladie asthmatique, si aucune amélioration n'est observée, le patient souffre bien d'une bronchopneumopathie chronique. Enfin, la gazométrie artérielle reste un examen complémentaire utile pour évaluer le degré d'insuffisance respiratoire associée à l'obstruction.
* Valenciennes
Quelques chiffres
Depuis vingt ans, la Bpco est en constante augmentation. D'ici à 2020, on estime qu'elle sera la troisième cause de mortalité au niveau mondial. En France, on déplore d'ores et déjà près de 15 000 décès par an par Bpco, soit 35,5 pour cent mille habitants. En 1998, 97 235 séjours avaient été attribués à une maladie chronique obstructive, avec une durée moyenne de 9,9 jours.
Bourges, capitale du souffle
La Journée de mesure du souffle organisée à Bourges au printemps dernier a été un succès. Trois mille cent quarante-sept personnes ont répondu au questionnaire élaboré par l'association Capital souffle à l'origine de cette manifestation. Le test de détection a montré que 8 % des participants avaient un piko 6 inférieur à 0,7 et 37 % d'entre eux ne fumaient pas...
Dans le même objectif de sensibilisation des politiques et des médias, l'association Bpco organise, à l'occasion de la journée mondiale sur cette maladie, le 16 novembre 2005 au Sénat à Paris, les états généraux sur la bronchopathie chronique.
La Bpco est-elle un problème de santé publique ? |
|
Hospitalisation | 12,8 % |
Passage aux urgences | 13,8 % |
Visite au médecin | 23,8 % |
1/mois | 23,8 % |
Plusieurs X par mois | 12 % |
Tous les 6 mois | 29,7 % |
1/an | 14,7 % |
Jamais | 19,2 % |
EFR | 78,9 % |
Spirométrie | 45,5 % |
DEP | 25 % |
Les deux | 10,5 % |
Radiographie thoracique | 56,6 % |
Scanner thoracique | 19,2 % |
Oxymétrie | 41,6 % |
ECG | 47,6 % |
Recours aux médicaments | |
ß2 de courte durée | 25,4 % |
GCS inhalés | 26,6 % |
Anticholinergiques | 17,3 % |
Théophylline | 8,4 % |
ß2LA | 13,4 % |
Antileucotriènes | 2,9 % |
GCS systémiques | 2,8 % |
Ains | 0,9 % |
Rennard S. Impact of Copd in North America and Europe in 2000 ; « Eur Respir J », 2002. |
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