Est-il légitime d’espacer la surveillance des lésions de haut grade si le suivi initial après conisation est rassurant ? C’est ce que suggère une étude néerlandaise en montrant que le risque de récidive rejoint celui de la population générale, dans les cas où trois frottis cervico-vaginaux (FCV) consécutifs à 6, 12 et 24 mois ou deux FCV à 6 et 24 mois en association à un test HPV reviennent négatifs.
« L’immense majorité des récidives de CIN 2-3 survient dans les 48 premiers mois après conisation, voire dans les 24 premiers mois, indique pour "le Quotidien" le Dr Jean-Luc Mergui, gynécologue à l’hôpital Tenon, Paris, directeur d’enseignement universitaire de colposcopie et membre du Collège national des gynécologues & obstétriciens français. S’il est vrai que ces femmes sont à risque élevé de récidive de lésions de haut grade et de cancers micro-invasifs et par conséquent doivent être surveillées de près après conisation, les résultats de l’équipe du Pr Chris Meijer viennent confirmer les données de plus en plus nombreuses sur l’intérêt de stratifier le risque pour adapter la surveillance. »
L’équipe de l’Université d’Amsterdam a utilisé les données de trois cohortes néerlandaises, totalisant 435 femmes ayant eu une conisation pour CIN 2-3 entre juillet 1988 et novembre 2004. Le risque de lésion récurrente à 5 et 10 ans rejoignait celui de la population générale, pour les participantes ayant un suivi initial rassurant. « La valeur prédictive négative du test HPV est excellente, précise le Dr Mergui. Ce qui permet de se passer du frottis à 12 mois. »
Il n’existe pas de consensus international pour la surveillance après conisation. Alors qu’en France, un FCV annuel systématique après deux premiers contrôles négatifs à 3-6 mois et 6-12 mois est recommandé par l’ANAES dans les textes de 2002, il semble légitime de pouvoir espacer la surveillance chez les femmes dont le risque s’avère bas dans les 24 à 48 mois après conisation. Actuellement en cours d’élaboration, de nouvelles recommandations de la HAS sont attendues sous peu.
« Lancet Oncology », publié en ligne le 28 avril 2011. DOI:10.1016/S1470-2045(11)70078-X.
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