LE PARTENARIAT Faire reculer le paludisme (RBM)* a été lancé il y a dix ans pour coordonner les efforts de la communauté internationale contre le paludisme, une maladie longtemps négligée.
Soutenu par l'OMS (Organisation mondiale de la santé), la Banque mondiale, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), le partenariat s'est donné pour objectif «de parvenir à un taux de couverture de toutes les interventions antipaludéens de 80% d'ici à 2010», a rappelé sa directrice, le Dr Awa Marie Coll-Seck. «Nous sommes sur la bonne voie, mais il faut que nous en fassions plus», souligne-t-elle en commentant le rapport d'évaluation préparé à la demande du partenariat et publié par l'UNICEF.
Le document, publié aujourd'hui, annonce en effet un certain nombre de bonnes nouvelles, en particulier l'utilisation élargie des moustiquaires imprégnées d'insecticide à travers l'Afrique subsaharienne. De 2003 à 2004, la production annuelle a plus que doublé, passant de 30 à 63 millions. Les moustiquaires sont aujourd'hui plus rapidement disponibles et leur production devrait encore augmenter d'ici à la fin de l'année. Cependant, les experts estiment de 130 à 264 millions le nombre de moustiquaires susceptibles d'assurer le taux de couverture de 80 %.
Pour mieux mesurer les progrès accomplis, l'UNICEF explique que le nombre de moustiquaires achetées a plus que triplé, il frôle aujourd'hui les 25 millions, soit vingt fois plus qu'en 2000. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme en a distribué 18 millions en 2006, contre 1,35 en 2004, et d'autres donateurs ont redoublé d'efforts en la matière.
L'effort de distribution s'est accompagné d'une amélioration de la distribution de ces moustiquaires aux communautés, en particulier parce qu'elle est de plus en plus intégrée dans les programmes déjà en place de santé maternelle et infantile, de vaccination et de soins prénatals. Des données disponibles pour 20 pays d'Afrique subsaharienne montrent que 16 d'entre eux ont au moins triplé leur couverture depuis 2000. En Gambie, la moitié des enfants sont protégés, alors que, en Guinée, au Togo ou à São Tomé et Príncipe, 40 % d'entre eux le sont.
Une couverture en ACT encore trop faible.
Concernant l'utilisation des combinaisons à base d'artémisinine (ACT) recommandées par l'OMS, le rapport révèle que presque tous les pays ont modifié leurs politiques nationales en matière de médicaments et encouragent désormais le recours à ces nouveaux traitements qui ont prouvé leur efficacité. Cependant, il déplore que peu d'entre eux aient augmenté leur couverture depuis 2000 : 34 % des enfants qui ont de la fièvre reçoivent des antipaludéens et nombre d'entre eux reçoivent des traitements peu appropriés. La faiblesse aujourd'hui observée de la couverture en ACT serait due à un coût dix fois plus élevé que celui de la monothérapie traditionnelle et à une pénurie mondiale de la production – particulièrement difficile – et de la fourniture. Les pays ont donc mis du temps à introduire les nouvelles molécules. Depuis 2005, la production comme les financements se sont accrus et «la prochaine série d'enquêtes devrait révéler des taux de couverture des traitements plus élevés», soulignent les experts de l'UNICEF.
Aujourd'hui, les financements sont là – ils ont été multipliés par plus de dix au cours des dix dernières années – et les fondements solides existent désormais pour que des progrès encore plus spectaculaires soient enregistrés au cours des prochaines années. Le rapport invite à renforcer les engagements internationaux et à maintenir l'effort à l'échelle des communautés.
Accord pour un vaccin
Le groupe sanofi-aventis vient de signer avec l'Institut Pasteur un accord de collaboration pour le développement d'un vaccin contre la paludisme. Selon les termes de l'accord, le laboratoire pourra utiliser les antigènes de Plasmodium falciparum identifiés par l'Institut Pasteur en vue de la mise au point d'un vaccin candidat sûr et efficace. «Ces dix dernières années, l'Institut Pasteur a découvert plusieurs antigènes prometteurs qui pourraient conduire au développement de vaccins et protéger les enfants des zones endémiques ainsi que les voyageurs», a indiqué Alice Dautry, sa directrice générale. Pour sa part, sanofi-Pasteur, division vaccins du groupe, un partenaire historique de l'Institut Pasteur, s'est engagé «à faire du paludisme une maladie évitable grâce à la vaccination, avec l'objectif ultime de débarrasser de ce fléau les populations affectées», a souligné Wayne Pisano, président-directeur général du laboratoire.
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