REBOND
« J'ai lu l'article du Dr Micheline Fourcade sur les lipomes paru le 18 mars. Notre consur précise que cet article fait suite à un entretien avec le Pr Béatrice Crickx, dont j'ignore la spécialité, mais qui ne semble pas avoir conscience du caractère simpliste et dangereux de ses déclarations ou de leur interprétation. Il me paraît dangereux d'affirmer que le lipome est une tumeur toujours bénigne et que l'exérèse est inutile sur le plan médical : j'ai personnellement rencontré deux liposarcomes qui furent de diagnostic uniquement histologique. L'un des deux était volumineux, mais l'autre avait tous les caractères cliniques du petit lipome sous-cutané banal, y compris l'aspect macroscopique. Certes, j'opère beaucoup de lipomes, mais quand même ! Par ailleurs, l'anesthésie générale est souvent nécessaire, notamment dans les lipomes de la nuque, du dos et de la ceinture scapulaire, où ils sont volontiers intriqués aux muscles et mal (ou pas du tout) limités. Ces interventions peuvent être très hémorragiques, même en l'absence de malignité histologique. Enfin, bien que chirurgien plasticien, je ne traite jamais les lipomes par liposuccion étant donné que l'étude histologique est indispensable et ne peut se faire sur un produit d'aspiration. Outre l'intérêt évident pour le patient d'avoir un diagnostic certain, que pensez-vous du risque médico-légal ? Il n'est pas raisonnable de nos jours de donner dans un article de FMC des opinions aussi tranchées qui sont contredites par la réalité et qui vont à l'encontre du principe de précaution si cher à nos hommes politique et à nos magistrats. Prudence, prudence ! »
La réponse du Pr Béatrice Crickx
« Je me permets de répondre à votre courrier laissant entendre qu'il était dangereux d'affirmer que le lipome était toujours une tumeur bénigne. Effectivement, le lipome est toujours une tumeur bénigne, la tumeur maligne étant appelée "liposarcome".
En revanche, vous avez tout à fait raison de souligner qu'un liposarcome à son début peut être cliniquement assez proche d'un lipome banal. C'est ainsi que le Dr Fourcade rappelait à la fois en introduction et en conclusion que le diagnostic de lipome banal se faisait avant tout sur l'aspect clinique et que toute atypie dans ce tableau justifiait au moins une biopsie : il pouvait s'agir d'un aspect inflammatoire, d'un aspect ferme, d'un siège inhabituel ou d'une évolutivité nette.
Il est probable que votre recrutement de chirurgien plasticien ne vous donne pas à observer les mêmes lipomes que le dermatologue ; vous sont confiés ceux qui sont cliniquement atypiques, volumineux...
Je partage avec vous le fait que lorsqu'un prélèvement est fait à visée diagnostique, il est évident qu'une histologie est indispensable et ne se fait pas bien entendu sur un produit de lipoaspiration mais sur un vrai prélèvement chirurgical. En tant que dermatologue, je ne défends pas la lipoaspiration que je ne pratique pas mais que je vois pratiquer par des chirurgiens dans des indications extrêmement précises, tenant compte à la fois de la topographie du lipome et de sa taille et, bien sûr, en s'étant entouré des garanties diagnostiques.
Sans doute le titre choisi par la rédaction du "Quotidien du médecin" vous a-t-il interpellé par son caractère accrocheur*. »
* Le titre était : « Comment répondre à un patient qui demande une exérèse ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature