Théâtre
Il revient donc au théâtre. Après « Sacrés Monstres », récital de poètes et de belles plumes, il prend un risque supplémentaire en s'exposant en plein effort. Il court, il court, mais sans jamais perdre son souffle ni son esprit. Le texte est drôle même pour ceux que le sport n'a jamais vraiment passionné.
Il y a un sommet dans cette fantaisie composée par Paul Fournel : le moment consacré au vague-à-l'âme du lanceur de marteau. Un gros garçon (123 kilos), très malheureux, très mal dans sa peau, très solitaire. On a le cur brisé par ses confidences. Mais on en rit aux éclats comme de tous ceux que passe en revue Paul Fournel qui reçut le Goncourt de la nouvelle pour ces « Athlètes dans leur tête » en 1989.
Car entendez bien le titre : ici, il ne s'agit pas de sportifs en chambre, de personnes qui ne seraient athlètes qu'imaginairement. Non. Ce que nous dévoile Fournel, membre de l'Oulipo, c'est ce que les athlètes ont dans leur tête. Qu'est-ce qu'ils ont dans le crâne, ces êtres rompus à toutes les abnégations et qui souffrent pour accomplir des exploits, se dépasser, se surpasser, dépasser et surpasser les autres...
Dussollier, tout de noir vêtu, se promène d'un pas vif - il a du jarret ! - sur la scène de la petite salle du théâtre du Rond-Point et nous propose un spectacle fraternel et enjoué, qui par-delà les rires qu'il provoque, parvient à émouvoir, à toucher profondément.
Dussollier aime le sport. Mais il apprécie surtout, on le devine, de trouver dans la tête de ces champions, des pensées qui ne sont guère éloignées de celles d'acteur au moment d'entrer en scène. Ou en piste.
On est content de voir Dussollier dans ce registre très fantaisiste, heureux de son humour et de ces ailes qui semblent lui pousser au fur et à mesure de la représentation - qui doit être exténuante, d'ailleurs, car, on l'a dit, il n'arrête pas de courir !
Allez ! Un délicieux divertissement. Drôle et terrible en même temps. Et oui. La solitude du gardien de but au moment du penalty, la solitude du coureur de fond. On connaît. La solitude du lanceur de marteau, on n'y avait jamais songé...
Théâtre du Rond-Point, petite salle, à 21 heures du mardi au jeudi, à 18 h 30 et 21 heures le vendredi et le samedi et en matinée le dimanche à 15 h 30 (01.44.95.98.00).
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