Classique
« Macbeth » d'après Shakespeare, premier opéra de Verdi et Piave basé sur une pièce, fut à sa création à Florence en 1847 une petite révolution, par son ton sombre et par la rupture avec la convention de l'opéra italien de type belcantiste. Le compositeur remit l'ouvrage sur le métier en 1865, le traduisant en français pour le faire entrer dans le moule en cinq actes avec ballet exigé par les théâtres parisiens. C'est cette version « parisienne » de « Macbeth », retraduite en italien et amputée de son ballet, qui est aujourd'hui adoptée par les théâtres lyriques.
Homme de théâtre avant tout, Luc Bondy ne s'y est pas cantonné entièrement mais a préféré restaurer la scène finale de l'original de 1847 qui, avec la mort de Macbeth, achève l'opéra d'une fin tragique et assez abrupte au lieu du chœur de victoire des Ecossais, vainqueurs beaucoup plus dans l'esprit d'un happy end de la version révisée.
Deux univers tranchent assurément dans cette production reprise du festival d'Edimburgh. Luc Bondy a voulu les sorcières décalées, vulgaires dans leurs costumes criards des années soixante au I et disséquant un cadavre pour préparer le « Brouet maléfique » au III en une magnifique chorégraphie de Lucinda Childs. Le reste se situe dans une esthétique historique assez neutre. Grâce aux éclairages vraiment magiques de Dominique Bruguière et à la science de Bondy pour animer des groupes, créer de vrais tableaux vivants, cette production est un enchantement de tous les instants, toujours soutenue par un jeu scénique exemplaire et si difficile à obtenir des interprètes lyriques trop souvent gagnés par la routine.
La distribution réunie par l'Opéra néerlandais était somptueuse, dominée par la superbe incarnation de Lady Macbeth de l'Américaine Carol Vaness dont c'était les débuts à la fois dans ce rôle vocalement si périlleux et sur la scène amstellodamoise. Tragique scéniquement avec beaucoup de réserve et sans l'ombre d'une lacune dans les moyens vocaux, elle donne au personnage toute son ambiguïté dans la noirceur et la culpabilité.
Plus long à faire la preuve de ses moyens, le baryton polonais Andrzej Dobber s'est révélé un excellent Macbeth culminant dans son air O sbalzarmi per sempre... Banco et Macduff, respectivement chantés par l'Italien Andrea Silvestrelli et par l'Australien Julian Gavin, avaient aussi toutes les qualités vocales requises. Dirigé par l'italien Carlo Rizzi avec beaucoup de dramatisme et d'énergie, le Nederlands Philarmonisch Orkest sonnait magnifiquement mais c'est au superbe Chœur de l'Opéra néerlandais que vont les compliments superlatifs. Une magnifique soirée de grand théâtre !
Muziektheater Amsterdam (00.31.20.6.255.455) les 19, 22, 25 et 28 mars à 20 h. Prochain spectacle : « la Flûte enchantée » de Mozart, régie : Pierre Audy, direction : Hartmutt Haenchen, du 7 au 27 avril.
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