Vos malades ont lu
« Tribune Santé », n° 67
Les remèdes ancestraux, ça marche, en particulier sur les petits bobos de l'hiver : toux légère, nez encombré, état fébrile. Leur action clinique peut même être expliquée de manière tout à fait scientifique. Les Prs Jean-Louis Lamaison (pharmacognosie) et Claude-Henri Chouard font, dans « Tribune Santé », une petite revue de la pharmacopée de nos grand-mères.
D'abord, les « béchiques », miel, guimauve, mauve ou réglisse, dont l'action antitussive serait due à leur richesse en mucilage. Ce dernier a la propriété de gonfler au contact de l'eau, ce qui favorise le relâchement des tissus et réduit l'irritation. Plus surprenant, mais peut-être plus répugnant, la bave d'escargot est également un excellent « béchique », toujours en raison du mucilage qu'elle contient en grande quantité. Pour calmer les toux grasses, elle agrémentait le bouillon de légumes de nos grand-mères.
Qualifié de « miraculeux », le sirop, dont la recette est donnée par le Dr Henri Puget (1), aurait plutôt des vertus anti-inflammatoires et serait efficace en cas de rhume ou de bronchite : coupez un oignon en petits morceaux, ajoutez quelques feuilles de chou cru, faites macérer le tout pendant quarante-huit heures dans du sucre roux.
Toujours pour les infections des voies respiratoires, le grog et le cataplasme chaud à base de farine de moutarde diluée dans de la farine de lin agissent selon le même principe : ils augmentent le flux sanguin et activent les défenses immunitaires.
Le grog, par exemple, associe du jus de citron (vitamine C, pour stimuler l'immunité), de la chaleur et du rhum (augmentation du flux sanguin). Mais sachez qu'il sera d'autant plus efficace que des écorces de cannelle auront macéré dans le rhum pendant plusieurs mois ... grâce à l'aldéhyde cinnamique.
L'eucalyptus, la menthe poivrée, la lavande et les bourgeons de pin renferment des huiles essentielles qui ont une action antibactérienne, tandis que l'hysope, l'origan, le romarin et le thym ont plutôt un effet antispasmodique.
Mais, attention, prévient le Dr Chouard, lorsque le remède n'agit pas ou que le mal se répète trop souvent, il est conseillé de consulter rapidement un médecin.
(1) « Mes remèdes de grand-mère », du Dr Henry Puget et de Régine Teyssot, Ed. Minerva.
Les vampires et la lumière qui soigne
« Pour la science », février
Assoiffés de sang, ils hantent nos cauchemars. Contes et légendes populaires les décrivent comme des créatures maléfiques qui ne craignent que la lumière, l'ail et les croix. Les vampires sont-ils de simples personnages mythiques, tel Dracula sorti de l'imagination de Bram Stoker (1897), ou ont-ils réellement existé ? Selon des chercheurs britanniques et canadiens, nos histoires de vampires auraient bien un fondement biologique. Ils auraient été inspirés par certains patients atteints de porphyrie. « Pour la science » raconte comment ces recherches ont ouvert la voie à un nouveau traitement, fondé sur l'activation lumineuse de certaines molécules : la thérapie photodynamique ou photochimiothérapie. A l'origine de ces maladies génétiques rares, une anomalie de la biosynthèse de l'hème qui provoque l'accumulation de porphyrines dans la peau, les os ou les dents. Inoffensives dans l'obscurité, ces porphyrines peuvent se transformer en toxines voraces sous l'action de la lumière. Lorsqu'ils s'exposent à la lumière du soleil, des patients souffrant de porphyrie érythropoïétique congénitale, une forme grave de la maladie, voient leur peau souvent très pâle (anémie) se couvrir de cloques, puis de cicatrices. En l'absence de traitement, les tissus lésés sont progressivement rongés : nez, oreilles, doigts, lèvres ou gencives. L'hypothèse des historiens est donc que, en des temps reculés, ces patients ont pris l'habitude d'éviter la lumière du jour. Boire du sang était pour eux une façon de soigner leur anémie qui, par ailleurs, leur donnait une peau très pâle. Ils ont également très vite su que certaines molécules contenues dans l'ail pouvaient exacerber leurs symptômes.
Loin de s'arrêter à l'anecdote historique, les chercheurs ont compris que ces porphyrines pouvaient constituer un outil thérapeutique. Injectée dans un tissu malade, par exemple une tumeur cancéreuse, une porphyrine peut être activée par la lumière et détruire ce tissu. Elle a, en effet, la propriété de se concentrer dans toutes les cellules en cours de prolifération. Aujourd'hui, les recherches se multiplient pour tenter de mettre au point des traitements fondés sur ce principe et destinés à lutter contre de multiples affections : maladies cardio-vasculaires, maladies auto-immunes, leucémies. Dans le sida, les cellules immunitaires infectées par le VIH pourraient être détruites après accumulation de porphyrines.
Serons-nous tous soignés ?
« Notre Temps », février
Alerte rouge sur notre système de soins. Le mensuel « Notre Temps » enquête sur les nombreux maux qui minent la qualité de la prise en charge des patients français : déficit record, équipes médicales découragées, hôpitaux à bout de souffle, pénurie de médecins et d'infirmières, augmentation des inégalités d'accès aux soins. Ses lecteurs seront sensibles au cri d'alarme du Pr Sicard (hôpital Cochin), président du Comité consultatif national d'éthique : « Des catégories entières de la population commencent à être exclues du système de soins, en particulier les personnes âgées. » Les hôpitaux de long séjour sont l'exemple « scandaleux » de cette spirale infernale que représente l'utilisation par les médecins de technologies toujours plus pointues qui s'adressent à un nombre de patients de plus en plus réduit. Il n'y a plus assez de lits, ni de personnel, « alors, pour obtenir des crédits et attirer les médecins, on les transforme en service de gériatrie high-tech qui vont répondre à 2 ou 3 % des besoins seulement ». La gériatrie n'est pas une discipline prestigieuse et l'arrivée d'une personne âgée à l'hôpital peut être vécue comme une source de tracas. Le Dr Jean-Marie Vetel (CHR du Mans) décrit avec une certaine amertume : « Une vieille dame qui débarque avec cinq maladies et qui perd un peu la tête n'intéresse pas les médecins. Ils savent qu'ils auront du mal à la faire rentrer chez elle rapidement. » La mission de service public de l'hôpital serait en contradiction avec sa spécialisation à outrance. Les succès spectaculaires qui ne concernent en réalité qu'un tout petit pourcentage de malades ont, selon le Pr Sicard, fait oublier l'essentiel : « La santé passe davantage par le respect de son corps que par des explorations et des traitements. » De même, « les médecins doivent retrouver leur fonction de bienveillance et de compassion vis-à-vis de la personne souffrante ».
Dis, grand-père, que mangeais-tu ?
« Sciences et Avenir », février
Sous le titre « Grand-père m'a tué », « Sciences et Avenir » rend compte d'un nouvel art divinatoire. Si nous interrogeons nos grands-pères sur la manière dont ils se nourrissaient quand ils étaient jeunes, nous pourrons avoir une idée de notre avenir. S'ils ont été bien nourris, nous aurons quatre fois plus de risque de décéder d'un diabète que ceux dont les aïeux ont souffert de famine. Ce résultat est le fruit de recherches menées par Gunnar Kaati, épidémiologiste à l'université d'Umea (Suède), dans les archives (de 1890 à 1920) de son pays. Il s'expliquerait par des caractères épigénétiques. Sensibles aux facteurs environnementaux, ils s'altèrent et peuvent se transmettre à la génération suivante. La boulimie tuerait donc à deux générations d'écart. Des générations d'obèses risquent ainsi de payer au prix fort les mauvaises habitudes de leurs ascendants.
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