Suivi des enfants

Du bon usage du carnet de santé

Publié le 28/09/2008
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OBLIGATOIRE depuis 1945, le carnet de santé a évolué avec le temps, en tenant compte des avancées scientifiques, des attentes des professionnels de santé et des familles. Conçu pour assurer le lien entre les différents professionnels de santé, il représente la mémoire des événements de santé pour l'enfant et sa famille, puis pour l'adulte. Outil d'éducation à la santé, il doit aussi être le support du dialogue régulier entre les médecins et les familles. Le nouveau carnet de santé, en vigueur depuis le 1er janvier 2006, s'est enrichi en fonction de ces objectifs.

Pour améliorer la surveillance médicale, de nouvelles pages d'examens détaillés (à 2 mois, entre 2,5 ans et 4 ans et à 8 ans) ont été créées. Divisées en deux parties – examen médical et « espace des parents » –, elles impliquent davantage ces derniers. L'« espace parents » les invite, en effet, à préparer la consultation, en notant les éléments de la vie de leur enfant : alimentation, jeux, mode de garde… L'objectif : faciliter le dialogue entre les professionnels de santé et les parents, en particulier sur certains thèmes qu'ils n'aborderaient pas spontanément : troubles du langage, troubles envahissant du développement… «Nous avons introduit des pictogrammes qui désignent les parties à remplir par les parents et celles dédiées aux professionnels de santé. Les anciens modèles pouvaient donner l'impression aux parents que le carnet de santé était uniquement réservé aux médecins. En dédiant un espace aux parents, nous avons souhaité qu'ils prennent davantage possession de cet outil», souligne le Dr Lefeuvre.

Autre nouveauté : les messages de prévention du nouveau carnet de santé sont plus nombreux et détaillés. Ils sont, plus que jamais, destinés à être repris et commentés par les professionnels de santé. Une place de choix est accordée à la nutrition – en reprenant les repères du Programme national Nutrition Santé (PNNS). L'allaitement est aussi mis en valeur. De plus, des repères du développement de l'enfant ont été introduits au fil des pages. Les messages délivrés sont aussi plus directs. Le nouveau modèle du carnet illustre, par exemple, le « bébé secoué » et emploie clairement le terme « mort subite ». Ce qui n'était pas le cas sur le modèle de 1995.

Des informations confidentielles.

Rappelons-le, seuls les professionnels de santé sont autorisés à consulter le carnet de santé. Et cela, avec l'accord des parents, dans le cadre d'actions de prévention ou de soins au bénéfice de l'enfant. Toute personne appelée à prendre connaissance des renseignements qui y sont inscrits est soumise au secret professionnel. Le nouveau carnet de santé facilite cette exigence de confidentialité : les deux doubles pages où sont reportées les vaccinations sont des documents CERFA (certificat de vaccination n° 1 et n° 2). Leur photocopie a valeur de certification de vaccination. Les parents n'ont, par exemple, plus besoin de présenter le carnet de santé lors de l'inscription à l'école.

Pour un bon suivi de l'enfant, les informations médicales nécessaires et suffisantes doivent y être reportées, avec l'accord des parents. Il n'y a pas lieu d'y faire figurer une information médicale exhaustive. «La nouvelle mise en page des hospitalisations ou des traitements par produits sanguins en est un bon exemple. On ne peut pas y faire figurer tout un compte rendu d'hospitalisation. Le carnet de santé n'est pas un dossier médical. Seuls doivent y être mentionnées les informations essentielles sur l'hospitalisation, ainsi que sa date et surtout l'identification du service où l'enfant a été hospitalisé», indique le Dr Lefeuvre. De même, le professionnel qui a inscrit une information dans le carnet doit s'identifier (cachet et signature). Ce qui permet de le recontacter. L'importance des coordonnées de l'établissement de santé et du médecin est mise en valeur au niveau des nouvelles pages concernant les allergies et les affections de long cours. Enfin, par le biais de messages placés en fin de carnet, l'enfant devenu adulte est invité à le conserver, tout au long de sa vie.

* Le Dr Lefeuvre a organisé avec le Dr Catherine Paclot les travaux de l'équipe d'experts réunie par la DGS pour accompagner l'évolution du carnet de santé, à partir de données médicales et scientifiques et des recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS).

Quelques statistiques

Les travaux de refonte du carnet de santé ont débuté par une analyse de l'image et de l'utilisation du carnet de 1995 par les professionnels et par les familles. Du côté des professionnels, ces études montrent que le carnet de santé est d'autant mieux rempli que l'enfant est plus jeune. Toutefois, dès l'âge de 4 ans, des données aussi essentielles que la taille ou le poids manquent dans 25 à 30 % des cas. À cet âge, les courbes ne sont plus tracées que sur 22 % des carnets. Quant à l'identification du médecin vaccinateur, elle manque dans près de 20 % des cas*.

Les parents, quant à eux, expriment peu d'inquiétude en ce qui concerne la confidentialité. Celle-ci leur paraît bien respectée pour plus de 80 % d'entre eux. La quasi-totalité a lu le carnet de santé, pour près de 80 %, plusieurs fois. Les enfants eux-mêmes sont 36 % à avoir lu leur propre carnet de santé**.

* Dommergue J.-P. et coll. Carnet de santé : informativité et confidentialité. « Archives de Pédiatrie », 2004, 11, Suppt 1, S42-S45.
** Parents, que pensez-vous du carnet de santé de l'enfant ? Enquête UNAF (Union nationale des associations familiales). Novembre 2004.

> HÉLIA HAKIMI

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8428