SUR LE GRAND plateau du théâtre Marigny, Jean-Marc Stehlé a planté un étrange décor. Une maison, une construction à portes, escaliers, passages qui permettent une variété d’entrées et de sorties, d’effets d’autant plus bienvenus que seules deux comédiennes sont en scène, dans une cascade de courtes scènes plus ou moins acides. La drôle d’idée est que ce décor soit entièrement recouvert d’une très moche fausse fourrure… Une suggestion du metteur en scène, Jean-Michel Ribes, une décision que l’on a du mal à décrypter mais enfin, ceci n’est qu’un détail.
Ce qui compte, c’est que l’on entende à nouveau certains des textes des « Diablogues » de Roland Dubillard. L’écrivain, lui-même comédien, les avait écrits pour la radio à la demande de Jean Tardieu et il en interpréta certains face à plusieurs partenaires. Grégoire et Amédée, les deux personnages, ont, depuis, souvent été incarnés au théâtre. Et pas plus tard que l’année dernière, au Rond-Point, Jacques Gamblin et François Morel en donnaient leur version, poétique et irréelle sous la fine férule d’Anne Bourgeois….C’était chez Ribes, il ne pouvait choisir tout à fait les mêmes textes pour Mesdemoiselles Muriel Robin et Annie Grégorio. C’est cette dernière qui a eu l’idée de ce face à face jubilatoire.
Les deux comédiennes se connaissent depuis leurs années de formation. Leur complicité est un atout. Elles ne cherchent pas de complication dans le jeu. Les échanges sont directs. Elles refusent les effets, les coquetteries. Elles y vont, dans leurs petits tailleurs. L’une en rouge, Grégorio, l’autre en violet, Robin. Elles font confiance aux textes. Leur public est au rendez-vous. Un large auditoire, populaire et chaleureux. Dès que les délires de Dubillard sont trop clairement absurdes – et grandioses –, lorsque les langoustes sont saisies d’angoisse et que l’on joue sur les mots, une partie de ces spectateurs s’amuse un peu moins, mais les inconditionnels de Dubillard en redemandent !
Théâtre Marigny (0892.222.333), à 19 heures du mardi au samedi, 1 h 30 sans entracte.
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