LA HAUSSE du SMIC, qui doit achever l'homogénéisation de tous les salaires minimaux, a failli être étalée sur deux ans. Le gouvernement qui, dans un premier temps, en avait trouvé le coût trop lourd, a cédé aux injonctions de Jean-Louis Borloo, ministre de la Cohésion sociale, qui a déclaré préférer « mettre trois millions de chômeurs au travail que rembourser la dette », comme le suggérait Nicolas Sarkozy.
Nous ne critiquerons pas M. Borloo, un des rares ministres qui donnent du gouvernement de M. Raffarin une image positive. Mais on ne résorbe pas un chômage de 10 % en augmentant le SMIC en une seule fois, pas plus qu'on ne liquide mille milliards d'euros de dette en l'augmentant en deux fois. Donc, arrêtons de brandir des arguments sans valeur, sinon démagogiques.
En revanche, il est impératif de soutenir l'économie en accroissant les moyens non pas des Français qui gagnent assez pour épargner mais de ceux de nos concitoyens qui ne gagnent pas assez pour consommer. Le remboursement de la dette sera rendu possible par des excédents budgétaires de plusieurs années. On en est loin. Et on n'obtiendra d'excédents que si la croissance est forte.
L'ennui, c'est que, trop souvent, M. Raffarin annonce des décisions qu'il renverse quelques jours plus tard. Cela témoigne d'une grande incertitude sur ses convictions et sur le programme qu'il applique. Un Premier ministre ne peut pas se satisfaire d'avoir proposé une solution, puis d'en appliquer une autre. Il devrait, si on ose dire, avoir les idées plus claires.
Certes, tiré à hue et à dia par des défaites électorales et par les incertitudes de son avenir politique, entouré de jeunes loups qui affirment haut et clair qu'ils feront mieux que lui, tirant sa légitimité de la complaisance du chef de l'Etat plus que d'actes impressionnants, M. Raffarin ne sait peut-être plus à quel saint se vouer.
On a dit cette semaine qu'il partait incessamment et serait remplacé par Dominique de Villepin, puis qu'il restait jusqu'à une date indéterminée. Pour l'opinion, le problème n'est pas le sort immédiat de M. Raffarin, mais les orientations du gouvernement, dont on ne sait plus qui le dirige, apparemment M. Sarkozy, mais peut-être est-ce M. Borloo ? Le ministre de la Cohésion sociale apporte un peu de fraîcheur dans cet embrouillamini où, à l'opacité du mauvais temps succède parfois le coup de soleil d'une décision importante, prise à toute allure, comme la privatisation de France Télécom, qui aura en somme été aussi brutale qu'à été long et compliqué le changement de statut d'EDF. Un peu comme si M. Raffarin prenait une mesure régalienne pour rétablir son autorité. Borloo, Villepin ou Sarkozy, peu importe, pourvu qu'ils aient un programme et ne changent pas d'idée tous les jours.
Entre économie et social
Drôle de façon de gouverner
Publié le 02/09/2004
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 7582
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