FILMÉ DEUX ANS après sa création au Festival d'Aix-en-Provence et après une longue tournée (on a pu le voir à l'Opéra-Comique fraîchement repris par Savary qui avait, par provocation, rendu inabordable le prix des places), le spectacle d' Adrian Noble ne gagne pas à être vu en vidéo. Les éclairages naturels (feu, bougies), la richesse des étoffes, un certain dépouillement dans le théâtre et une pseudo-fantaisie de costumes comme on a pu en subir chez le pire de Peter Brook, ne passent pas l'écran. Une certaine pauvreté vocale et, malgré les efforts de William Christie pour animer du clavecin et de l'orgue Les Arts florissants en minuscule formation et en utilisant la belle réalisation d'Alan Curtis, tout cela ne crève pas l'écran et laisse largement sur sa fin (1).
Au festival de Glyndebourne, en 1973, on est davantage au théâtre avec le metteur en scène shakespearien Peter Hall, mais tout cela paraît bien daté et trop sérieux aujourd'hui. Plancher en damier, costumes renaissance, deux ex machina, mais surtout des chanteurs d'un format plus conforme à ce qu'attend le spectateur festivalier. Quand Janet Baker paraît – et Monteverdi ne fut certes pas son meilleur répertoire – on a l'impression d'être à l'opéra ! Mais ce qui disqualifie cette réalisation, comme toutes les autres du même tonneau, c'est l'arrangement du chef Raymond Leppard, dont le souci premier était de donner de grands coups de ciseaux dans les partitions au détriment de leur richesse et de leur grande variété (2).
D'un autre arrangeur, de génie celui-ci, le compositeur allemand Hans Werner Henze, on pourra rechercher sa réalisation présentée par le Festival de Salzburg en 1985 (Image Entertainement, malheureusement non distribué en France).
Puis vinrent Nikolaus Harnoncourt, Jean-Pierre Ponnelle et Pat Halmen qui réhabilitèrent la trilogie (désormais entièrement rééditée sur DVD) à l'Opéra de Zürich dans les années soixante-dix.
On a suffisamment vanté ici le travail de ce trio, notamment au sujet des opéras de Mozart, pour insister davantage. Le choix des chanteurs de format lyrique et qui font du son avec style mais sans honte, ni peur de ne pas être conformes aux derniers dogmes musicologiques, le travail de Ponnelle sur la psychologie des personnages, leur mise en relief, leur intelligence, font de ce film réalisé en studio et malgré les inconvénients dont le play-back n'est pas le moindre, une évidence dramatique. En cela ils réhabilitèrent réellement Monteverdi donnant au spectateur, pour l'éternité, plus de deux grandes heures de plaisir.
Les interprètes en sont Werner Hollweg, Trudeliese Schmidt, Francisco Araiza, Janet Perry, Paul Eswood, soit le meilleur de ce que Zürich pouvait offrir à son public à l'époque.
On ne sache pas qu'Harnoncourt ait renouvelé ce miracle quand il a repris « le Retour », avec Vasselina Kassarova et Dietrich Henschel, dans une mise en scène de Michael Grüber, en 2002 (DVD Arthaus).
(1) 1 DVD Virgin Classics EMI.
(2) 1 DVD Arthaus Musik.
(3) 2 DVD Deutsche Grammophon Universal (série Unitel).
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