Le premier praticien territorial de médecine générale témoigne

Dr Tiphaine Loiseaux : « par rapport à un salaire d’interne, je trouve ça énorme »

Publié le 09/09/2013
Article réservé aux abonnés
1378689162451762_IMG_110166_HR.jpg

1378689162451762_IMG_110166_HR.jpg
Crédit photo : DR

tiphaine

tiphaine
Crédit photo : DR

LE QUOTIDIEN - Vous êtes le premier médecin à avoir signé un contrat de PTMG. Comment en êtes-vous arrivée là ?

DR TIPHAINE LOISEAUX - J’ai été directement contactée par l’ARS d’Ile-de-France quelques jours après mon installation dans le cabinet de groupe d’Aubervilliers où j’exerce depuis le 1er juillet 2013. Ils m’ont expliqué ce qu’était ce contrat, et m’ont dit que je correspondais à leur "cible type", à savoir un généraliste qui allait s’installer, ou qui venait de s’installer.

Ce contrat vise à susciter des vocations à l’installation en zone fragile. Or vous étiez déjà installée et c’est l’ARS qui vous a contactée..

C’est exact, mais on ne parlait pas tant que ça de ce contrat à l’époque, il fallait bien commencer ! Une responsable de l’ARS est venue me voir. Nous avons revu ensemble les termes du contrat. Une des clauses stipule qu’il faut travailler en réseau, ce qui m’intéressait beaucoup, d’autant que l’ARS me proposait de me mettre en contact avec ces réseaux. La plus grosse partie de la négociation a été de savoir quels contacts ils pouvaient m’apporter, et dans quelle mesure ils pouvaient m’aider à développer des réseaux de soins sur Aubervilliers, notamment en diabète, en soins palliatifs, ou en lien avec les PMI et la petite enfance.

Ce contrat a-t-il des aspects contraignants ?

Pour moi, il n’a que des avantages, puisque la seule obligation est d’exercer mon métier de médecin généraliste sur Aubervilliers. Et puis ce contrat me donne une sécurité en cas de maladie. En libéral, on a 91 jours de carence, avec ce contrat il n’y en a que sept.

Quant à la garantie de revenus, c’est une sécurité au début de l’activité. Pour le moment, je reçois une dizaine de patients par jour, ce qui n’est pas tout à fait suffisant pour assurer les charges du cabinet. Mais ce contrat m’assure l’équivalent du revenu brut de vingt consultations par jour. La différence me sera versée avec un à trois mois de décalage.

Enfin, je n’ai pas souhaité participer à la permanence des soins pour le moment, afin de mieux me consacrer à mes patients, et dans le contrat que j’ai signé, il n’y a pas d’obligation d’y participer. On y est incité, mais ça n’est pas obligatoire.

Saviez-vous que l’ARS et le ministère de la santé allaient autant communiquer sur ce premier contrat que vous avez signé ?

Je ne le savais pas du tout ! J’ai été vraiment surprise, d’autant que je suis quelqu’un de plutôt timide. Mais avec le recul, ça va mieux, et aujourd’hui, j’assume.

Que disent vos amis et confrères au sujet de votre signature ?

Ils jugent ça positivement, comme un "bonus" qui m’est accordé. Mais ils ne se sentent pas directement concernés par ce contrat parce que peu envisagent de s’installer tout de suite.

3 460 euros nets par mois garantis par le contrat, cela vous semble-t-il suffisant ?

Par rapport à un salaire d’interne, je trouve ça énorme ! Pour un salaire de début d’installation, ça me paraît très bien, c’est déjà un niveau de revenus très largement supérieur à la moyenne française.

 PROPOS RECUEILLIS PAR HENRI DE SAINT ROMAN
En complément

Source : Le Quotidien du Médecin: 9261