Après les aventures de Benjamin, jeune interne à la découverte du monde hospitalier, le médecin cinéaste prépare un long métrage dans lequel il évoquera la médecine en milieu rural et le problème des déserts médicaux. Une thématique qui lui tient à cœur et sur laquelle il revient pour les lecteurs du « Quotidien ».
Ce qui vous a marqué en 2014 ?
L’épidémie d’Ebola qui a touché de plein fouet l’Afrique de l’Ouest. Au delà de la catastrophe sanitaire, deux choses m’ont agacé. La gestion médiatique de la crise tout d’abord. Il y a une tendance à amplifier la peur, à provoquer l’hystérie. Dans toute cette surenchère, il y a beaucoup d’approximations.
La deuxième chose, c’est l’affaire de cette aide-soignante espagnole, la première personne infectée par le virus Ebola hors d’Afrique. Elle avait contracté le virus alors qu’elle soignait des malades eux-mêmes contaminés dans un hôpital de Madrid. Le personnel soignant a été pointé du doigt, on a mis en cause leur professionnalisme sans que la direction de l’hôpital ne prenne leur défense.
Dans cette affaire, il y avait tout de même une soignante qui risquait la mort… Cela montre à quel point il y a parfois un décalage entre ce que vivent les auxiliaires de soin et la hiérarchie administrative. C’est une thématique que j’ai abordée dans « Hippocrate ».
Ce que vous souhaitez pour 2015 ?
J’aimerais une remise à plat des études médicales. Cela a commencé mais il faut aller plus loin. Il faut revoir en profondeur le concours de première année et la sélection des futurs médecins. On insiste trop sur la dimension scolaire de la formation. On sélectionne ce qu’on appelle les bons élèves, ceux qui sont doués pour passer les concours. Les qualités humaine et d’écoute ne sont pas du tout prises en compte.
J’aimerais aussi que les pouvoirs publics s’attaquent véritablement au problème des déserts médicaux. Cela passe, là encore, par la formation. Il faut sortir de l’hôpital les étudiants en médecine générale, leur donner le goût de la pratique en zone rurale en intégrant dans le cursus des stages d’un ou deux ans en maison de santé ou en cabinet de ville. Le problème, c’est qu’on a besoin de main d’œuvre bon marché pour faire tourner l’hôpital…
À lire aussi : Rencontre avec Thomas Lilti, réalisateur d’« Hippocrate »
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