La contestation des médecins libéraux

Dr Philippe Sopéna : « L'accord doit être précisé et complété »

Publié le 05/02/2002
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Un entretien avec l'un des opposants au texte signé avec la CNAM

LE QUOTIDIEN

Pourquoi avez-vous demandé la tenue d'une assemblée générale extraordinaire du syndicat ?


Dr PHILIPPE SOPENA

Pour deux raisons. La première relève de la démocratie interne. Un texte aussi important, qui n'est pas conforme au mandat donné au président lors de la dernière assemblée générale, ne devrait pas, selon nous, être entériné sans avoir, au préalable, fait l'objet d'un débat en assemblée générale, seule instance décisionnelle du syndicat.
La seconde est que les 39 départements qui ont demandé cette assemblée ont des opinions qui vont de la franche opposition aux termes de l'accord à l'insatisfaction, en passant par des interrogations importantes sur l'absence de garanties données pour l'avenir. En tout état de cause, on ne peut porter un tel accord avec l'appui de la moitié seulement de ses membres. La signature de l'accord par Pierre Costes et sa publication au « Journal officiel », avant même la réunion du comité directeur, s'apparente à un passage en force qui doit être discuté entre nous.

En quoi l'accord signé avec l'assurance-maladie vous paraît-il insuffisant ?

Si l'on se place sur le plan des mesures tarifaires immédiates, et à l'exception des gardes et astreintes, il est nettement insuffisant. Aujourd'hui, la majorité des médecins généralistes ne prend pas de gardes. Pour cette majorité, l'accord correspond à peine à une remise à niveau de leur pouvoir d'achat, mais en aucun cas à une revalorisation.
Il est vrai que ce texte contient d'autres éléments car les médecins ne réclamaient pas que de l'argent. Il y a dans cet accord des avancées intéressantes, mais aucune garantie de leur mise en œuvre. Nous attendons des caisses d'assurance-maladie pas seulement des déclarations d'amour mais des preuves. L'accord doit être précisé et complété. Par exemple, sur le paiement de l'astreinte qui doit concerner tous les médecins de garde et sur la revalorisation des visites jugées médicalement justifiées, dont la formulation doit être clarifiée.

Deux points de divergence

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L'opposition interne relève-t-elle d'un simple débat sur l'accord ou d'une vraie ligne de fracture entre la base et ses dirigeants ?

Il n'y a sûrement pas chez les uns et les autres une volonté de faire exploser MG-France. Il n'y a d'ailleurs pas de divergences entre nous sur l'idée que nous nous faisons du métier de généraliste. Notre opposition porte sur deux points : sur le choix tactique du bureau de signer l'accord à ce moment du mouvement de protestation des généralistes et, plus fondamentalement, sur la conception de nos relations avec les caisses d'assurance-maladie. Nous pensons que le partenariat conventionnel relève souvent plus de la confrontation que de la collaboration et nous reprochons à notre direction un certain angélisme dans sa conception des relations avec l'assurance-maladie.

Etes-vous favorable à la poursuite de la grève et vous joindrez-vous à la manifestation du 10 mars à laquelle ont appelé la CSMF et le SML ?

Un nombre important de départements ont déjà décidé, sous des formes diverses, de poursuivre le mouvement. Il ne nous semble pas que la signature de l'accord signifie en effet la fin de la mobilisation. Mais nous ne manifesterons pas le 10 mars. L'objectif de la CSMF est d'obtenir la fin de la convention des médecins généralistes et ce n'est pas du tout ce que nous voulons. La multiplication des coordinations montre de toute façon que la CSMF et l'UNOF ne contrôlent pas non plus ce mouvement. L'UNOF s'est contentée de demander des revalorisations et n'a pas voulu négocier, elle a eu tort. MG-France s'est plutôt attaché à obtenir des réformes structurelles et a signé trop vite. Elle a eu tort également. Les généralistes devraient donc se retrouver sur une revendication unitaire qui se situe entre ces deux positions.

Propos recueillis par Céline ROUDEN

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7060