LE QUOTIDIEN : On a peu entendu les médecins spécialistes libéraux sur la loi de santé. Assiste-t-on à leur réveil ?
DR PATRICK GASSER : Je crois surtout qu’ils n’ont pas été entendus. La médecine spécialisée est la grande oubliée de la loi de santé. Quand on y parle des spécialistes, c’est pour leur retirer quelque chose, comme pour les pédiatres. Nous pouvons accepter le médecin traitant de l’enfant mais à condition d’y adjoindre un plan de santé de l’enfant. Nous réclamons plus de coordination notamment entre les médecins généralistes et spécialistes. Tout ça, on ne le voit ni dans la loi de santé, ni dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. C’est pour cela que nous disons « stop ».
Les médecins spécialistes fermeront leur cabinet entre Noël et le jour de l’An, comme les généralistes. Pourquoi ?
Il y a un mouvement fédérateur de fermeture et nous appelons à le rejoindre. Nous savons que certains critiquent la date de ce mouvement au moment de la trêve des confiseurs. Mais nous n’avions pas le choix, c’est le calendrier qui nous l’impose. Marisol Touraine a déjà présenté son projet de loi en conseil des ministres. Le texte doit être discuté à l’assemblée début 2015. Si nous ne nous mobilisons pas en décembre, quand allons-nous le faire ? Entre le 24 et le 31 décembre, on me verra combattre ce projet de loi, et pas sur les pistes de ski, je peux vous le garantir.
Comment comptez-vous faire évoluer ce projet de loi ?
Nous appelons à une mobilisation collective urgente. Le top départ sera l’organisation dimanche 7 décembre d’une journée consacrée aux « États-généraux de la médecine spécialisée ». Ce sera l’occasion de dire tout ce qui ne va pas dans ce projet de loi. On connaît déjà notre opposition au tiers payant généralisé, qui va nous livrer pieds et poings liés à l’État. Nous sommes également contre les modalités qui définissent le service public hospitalier, et qui vont mettre en opposition établissements publics et privés. Nous sommes aussi défavorables aux modifications des compétences contournées par la mise en place de pratiques avancées. Quant au service territorial de santé au public, il instaurera un schéma régional d’organisation des soins (SROS) ambulatoire géré par les ARS. La médecine libérale spécialisée sera sous contrôle.
L’heure est-elle aux demandes de revalorisations tarifaires ?
Ce n’est jamais le bon moment pour en parler, mais il faudra bien le faire à un moment ou à un autre ! On nous parle de développement de l’ambulatoire mais on ne le fera que si on nous en donne les moyens. Cela suppose des transferts d’enveloppes et une volonté politique.
Le 7 décembre, nous allons donc écrire notre cahier de doléances, et faire des propositions que je remettrai personnellement à Marisol Touraine. Nous ne cherchons pas à obtenir le retrait de tout le projet de loi (qui s’opposerait au chapitre sur la prévention ?), mais à l’amender largement pour que tout le monde s’y retrouve. Cette loi est à réécrire, avec enfin une vraie concertation, car aujourd’hui, à part les pouvoirs publics, personne n’est pour.
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